Episode Transcript
[00:00:00] Speaker A: Le balado que tu t'apprêtes à écouter, tu peux pas l'entendre ailleurs.
[00:00:03] Speaker B: C'est une exclusivité.
[00:00:38] Speaker C: Bonsoir à nos éditeurs, il est 18h05, bienvenue à 83 CFAQ, ma radio-académia. Je suis Bromo Rahman, votre animateur. Les Otakus. C'est un sujet qui est controversé, on peut le dire entre guillemets. Les gens ont toutes sortes de perspectives sur ce phénomène-là, le phénomène otaku. Une de ces personnes que j'ai connue, qui avait un certain intérêt pour le phénomène otaku, c'était un journaliste que vous connaissez sûrement, Richard Martineau. Lorsque moi j'étais au Cégep en ce temps-là, en 2020, j'étais membre exécutif du club animé, évidemment. Et à cette époque-là, c'était le confinement, évidemment, et Richard Martineau avait sorti un article qui s'appelle « La vie est belle en dehors de Facebook ». Ici, il parle des otakus, je cite. Les otakus, ça fait des années que ces handicapés émotionnels se clôtrent, se confinent, se coupent du monde.
volontairement. Enfermés dans leur chambre, ils passent leur journée à surfer sur internet pour trouver des preuves qu'ils ne sont pas fous, que les idées débiles qui hantent leur cerveau du matin jusqu'au soir sont au contraire des institutions géniales, des signes de grande lucidité et une marque indéniable de supériorité intellectuelle. Ça fait des années que ces gens-là, que les japonais désignent sous le vocable d'otaku, Personnes monomaniaques et ultra timides qui consacrent la majeure partie de leur temps à des activités d'intérieur vivent à côté du monde. Ça fait des années qu'ils se sentent jugés, méprisés par les gens normaux qui sortent, vont au resto, s'éclatent dans des bars, voient des amis, ont une vie sociale amoureuse et sexuelle enrichissante et épanouie. Eh bien, ça y est, ils ont le gros bout du bâton maintenant.
Richard Martineau faisait référence au confinement lors de la COVID, où il disait que les otakus auraient gagné, c'est une victoire culturelle des otakus, parce que maintenant tout le monde était des otakus parce qu'on était tous confinés.
Bon, mes invités aujourd'hui, j'avais parlé d'invités spéciaux pendant ma dernière émission, j'avais introduit des invités spéciaux. En fait, la réalité c'est que je ne savais pas en fait qui j'allais inviter et j'ai eu la chance de les avoir aujourd'hui au studio, en personne, en live, en direct, d'abord pour faire un démenti justement sur cette question de c'est quoi un otaku en fait? D'abord, Vincent Bergeron. De jour, il est vétéran de Canyon Tire, mais le soir, il devient Vince, dieu de l'animé au Québec. Et ensuite, on a Mathieu Lachance. C'est un... De jour, un professeur d'architecture, architecte à Hull-Laval, qui a visiblement un postdoctorat en mao shou jiu. Bonjour, Mathieu. Bonjour, Vince.
[00:03:20] Speaker A: Bonjour.
[00:03:21] Speaker C: Merci d'accepter notre invitation.
[00:03:24] Speaker A: Est-ce qu'on m'entend bien?
[00:03:25] Speaker C: Oui, bien oui, on vous entend tous les deux. Parfait. Oui, on vous entend. Donc, en fait, vous êtes tous les deux des membres fondateurs, des pionniers d'un groupe qui s'appelle le Nadeshiko Club. Donc, vous pouvez, l'un ou l'autre peut aller d'abord. Expliquez-nous, c'est quoi le Nadeshiko Club?
[00:03:41] Speaker A: Je te laisse aller là-dessus.
[00:03:42] Speaker B: Oui, bien, le Nadeshiko Club, c'était une idée où on s'était dit qu'on était plusieurs panélistes qui faisaient du contenu pour les conventions d'animés au Québec.
Puis, vers 2016, il y avait une personne qui s'appelait Ruben, qui était un festivalier très, très fidèle à Québec, qui était venu nous voir, puis il avait dit « Hé, vous, les gens à Québec, vous faites vraiment du contenu que je suis incapable de trouver dans d'autres conventions ». Il avait été aux États-Unis, il avait été à Toronto, il avait été à Montréal, puis il n'en revenait pas de la qualité. Donc, on s'était dit « Peut-être qu'on tient quelque chose ». Puis, entre personnes qui se connaissaient bien dans le milieu, on s'est fédérés et on a créé un club de panélistes pour mettre nos forces en commun, s'aider, améliorer le contenu, inspirer les autres. Puis, ça semble avoir fonctionné, ce qui était un peu le but. Puis, ça nous a amenés où on en est maintenant.
où on participe à plusieurs conventions, autant les Comic-Con à Deschicons, Otakuton.
[00:04:42] Speaker A: La plus récente a été le Comic-Con de Québec, il y a deux ou trois semaines.
[00:04:47] Speaker B: Une fois, on était descendus à Sherbrooke, d'ailleurs, du temps de l'anime à racon.
[00:04:51] Speaker A: En 2017 ou 2018.
[00:04:53] Speaker B: On n'était pas habitués à avoir autant de contenu. On était comme arrivés comme un tank dans un magasin de porcelaine. Ça avait été assez drôle, mais très belle expérience.
[00:05:01] Speaker A: 100 ans d'anime, aussi le panel, une revue de l'année, si je me souviens bien.
[00:05:07] Speaker B: Oui, on avait sorti les grands canons.
[00:05:09] Speaker C: C'est comme ça que moi je vous ai rencontrés, à travers notamment le panel de Mathieu sur les mao shoujo. C'est un peu le même concept que mon émission. Je suis quelqu'un qui a un background académique, donc j'essaie quand même d'avoir cette approche, cette même méthodologie, cette même aspect d'analyse, de cadre d'analyse et de cadre théorique quand j'étudie des sujets de pop culture. Mais Mathieu, c'est où que ça t'est venu, toi, pour toi, cette inspiration de faire des panels de cette manière-là?
[00:05:47] Speaker B: J'ai l'impression que ma formation d'architecte puis ma curiosité personnelle ont aidé beaucoup. C'était l'idée de comprendre un phénomène, mais globalement. C'est quoi les liens entre les choses? Qu'est-ce qui s'influence? Puis quand on va dans le monde otaku, c'est des gens qui ont toutes sortes d'intérêts. Même les créateurs de ces contenus-là, en fouillant, on se rend compte que c'est des gens qui avaient des intérêts extrêmement variés. Tout à l'heure, avant l'émission, on écoutait une parodie d'Alex Jones qui décrit Evangelion. Mais c'est ça, c'est toutes sortes de choses complexes qui se croisent, qui s'influencent. C'est ce qui faisait que c'était une culture riche. Puis j'essayais de comprendre ça. Puis souvent, ce que je voyais, c'était des...
comment dire, des interprétations très réductionnistes où il n'y avait pas de nuance. C'était OK, un maô-shojo, c'est telle chose, puis c'est ça le moule. Puis si t'aimes les animés, bien, tu aimes seulement telle chose puis t'es tel type de personne, alors que sur le terrain, c'était clairement pas ça. Puis moi, je m'identifiais pas à ça, fait que j'ai creusé là-dedans. Puis finalement, plus tu creuses, t'es jamais capable de t'arrêter. Vincent, tu pourrais le dire, mais combien de fois je lui ai lancé une idée, j'ai dit ça va être un panel humoristique, ça va être vraiment simple à faire.
Je me suis retrouvée dans des recherches académiques pendant trois mois.
[00:06:59] Speaker A: Le Lost in Translation, c'est un panel facile, ordi remontage. Combien de temps qu'on a passé à faire du montage vidéo?
[00:07:05] Speaker B: Une centaine d'heures.
[00:07:06] Speaker A: Mais quel panel fantastique.
[00:07:09] Speaker C: Bien, tous les pannels sont fantastiques. Surtout les panels avec un certain nombre d'années. Ça se voit que c'est quelque chose qui a été affiné avec le temps, comme un bon fromage. Puis là, ça devient quelque chose d'incroyable. Notamment le panel... Mathieu, ton panel, c'est genre... En deux parties, c'est trois heures, c'est la cour magistrale, carrément.
[00:07:31] Speaker B: En fait, au complet, c'est six heures. Je le faisais adéquatement. Ça pourrait être un cours universitaire.
[00:07:38] Speaker C: Puis Vince, tes connaissances sur les animés et tout ce qui est otaku, moi j'appelle ça, je dis ça le plus gentiment possible, c'est comme si l'autisme était un superpouvoir.
[00:07:50] Speaker A: Je pense être la personne la plus plate et neurotypique qui soit peut-être, mais j'aime beaucoup ça et quand j'aime un artiste, Ça va faire 30 ans l'année prochaine que je suis dans un club que j'ai un intérêt très poussé pour la chose, donc ça finit par faire que les informations restent. Pas sur toutes, parce qu'il y en a tellement.
C'est les liens qui se font aussi à force de voir des séries. Plus la culture est large, que ce soit sorti en 42 ou cette année, si c'est l'intérêt-là et que l'histoire est bonne, on va tenter le coup et l'écouter. Il y a du bon partout, donc oui, ça peut creuser. Puis moi, mon background peut-être pour faire des panels, j'ai fait de la radio pendant 11 ans, justement, 88.3 Québec qui est une... Totalement dans un autre style, je parlais de musique métal, ça a été mon premier amour, la musique est encore là, mais disons que les animés prennent plus souvent le dessus et mon surnom vient de là en bonne partie, Spin Metal Otaku, le meilleur des deux mondes.
[00:08:51] Speaker C: Mais justement, le Nadeshiko Club, le concept qui a été pensé au début, vous, les deux, vous étiez des membres fondateurs du club. Comment est-ce que, en fait, qui sont un peu les membres fondateurs? Peut-être que vous pourriez parler un peu de ces personnes-là.
[00:09:07] Speaker B: On pourrait dire vraiment fondateur du club. On peut dire qu'il y a eu comme une période qui a existé avant le club. Les premiers qui ont vraiment fait des panels qui ont essayé la chose à Québec, c'était Vincent puis Patricia Gosselin.
[00:09:22] Speaker A: Oui, le premier panel s'est fait à Montréal en 2009. C'était les animés old school, on l'a donné à Otakuton. Après ça, dans les éditions suivantes, j'ai fait des panels avec Pierre.
[00:09:33] Speaker B: Pierre Courtemange, qui est en fait presque notre bras droit qui vient l'organisation, qui est notre gars qui dialogue avec les conventions, qui permet de nous obtenir des cases horaires. Tout ça, le travail qu'il fait, c'est assez exceptionnel.
[00:09:50] Speaker C: Justement, initialement, c'est Pierre Courtement que je voulais inviter. C'est lui que j'avais contacté. Pas pour dire que vous n'êtes pas des bons invités. Absolument, je suis content de vous avoir ici. Mais quand j'ai contacté Pierre, c'est drôle parce que je lui ai dit à quelle heure était l'émission. Il a dit « je vais t'envoyer Mathieu et Vince parce que je ne peux pas, je dois aller chercher ma fille à l'école.
[00:10:15] Speaker A: » Oui, les obligations familiales.
[00:10:17] Speaker C: Pierre, déjà, il brise un peu le moule de ce qu'on pense en Otaku.
[00:10:21] Speaker B: Absolument.
[00:10:22] Speaker C: Est-ce que c'est le seul qui est parent, d'ailleurs, dans l'Indéchico-Club?
[00:10:25] Speaker A: Dans l'Indéchico-Club, oui. Par contre, ce que je peux dire, moi, ça fait 30 ans que je suis dans Otaku, puis on va sûrement arriver à ce sujet-là un peu plus tard, mais c'est un milieu où le monde se connaît. Il y a des relations qui sont bâties, des enfants qui sont nés de ça, donc oui, les Otakus ne sont pas juste des personnes retenues, il y en a qui ont des... La plupart ont une vie relativement normale. C'est juste un intérêt parmi tant d'autres.
[00:10:48] Speaker B: Pour beaucoup, c'était une occasion de rencontrer quelqu'un qui avait une vision du monde assez similaire. Il y a des familles qui ont été fondées dans les milieux autour de nous. Pierre, d'ailleurs, c'est un point qui amène souvent. Il a déjà donné des panels en conversion. C'est quoi être une famille Otaku?
Il était fier de souder ces deux mondes-là.
[00:11:07] Speaker A: Des fois, on l'a contradictoire. C'est des panels qui attiraient quand même beaucoup de monde parce que c'est un sujet... Des fois, dépendamment, il allait peut-être être une famille geek parce que lui, on sentait qu'il mettait une petite lancée dans trop de domaines. Par rapport à moi, je ne serais pas capable de mettre autant d'énergie partout, mais ça attire quand même probablement beaucoup d'intérêt. On en voit quand on va dans les conventions, d'ailleurs, de plus en plus de familles, fait que l'intérêt est là et se démocratise beaucoup. Son ventre rétrospectif qu'on regarde, ça a beaucoup changé en trois décennies.
[00:11:40] Speaker C: Justement de ce monde d'Otaku là, on en parlera bientôt après la pause.
De retour dans la pause, je suis avec Vince et Mathieu du Nadeshiko Club pour parler de la culture otaku, notamment au Québec. Mathieu et Vince, parlez-nous un peu du début de l'animation japonaise au Québec.
[00:12:14] Speaker A: Avec plaisir. Est-ce qu'on remonte à l'époque télévisuelle? On n'aura pas le choix de passer par là, donc on va sans doute s'alterner. Alors on connaît, si on va dans le rétroviseur, on peut remonter aux années 70.
[00:12:30] Speaker B: Même avant. 1969.
[00:12:33] Speaker A: Je vais commencer avec Minifee, puis ensuite.
[00:12:36] Speaker B: Vincent va nous aller dans les albators. Mais une des choses qui est très peu connue dans le monde, et même les chercheurs japonais spécialisés en Maôchojo l'ignorent, La première fois qu'un Magical Girl a été traduit puis exporté ailleurs dans le monde, c'était au Québec, traduit en français, Minifee, qui était Maho, Tsukayi, Sally, au Japon. Ce qui est intéressant, c'est que les animés ne sont pas rentrés par la porte en arrière. Ça a été diffusé au Québec trois mois après la fin de la diffusion au Japon.
Pour les années 60, on peut dire que c'était live, presque. C'était presque un simulcast. Aussi, c'est que c'était dans les meilleures cases horaires de l'époque à Radio-Canada, à côté du Soleil gobelet, qui était un phénomène culturel à l'époque. Donc, ça est vraiment rentré par la grande porte et le Québec, avec Sonolab, qui était le studio de doublage à Montréal, c'est créer une place de choix dans le doublage des dessins animés japonais en français pendant une dizaine d'années, jusqu'à ce que les Français découvrent les animés par eux-mêmes et prennent le contrôle de l'industrie. Donc, on a eu des princesses-saphires, on a eu le petit castor, les démétanes, toutes sortes de choses comme ça. Donc, on était pas mal au diapason. de certaines tendances qui se passaient au Japon, puis ça s'est un peu diminué jusqu'à ce qu'il y ait une deuxième vague, que Vincent, lui, il a eu la joie de la vivre en temps réel.
[00:14:02] Speaker A: Exactement. On pourrait rajouter Albator à ça, qui est mon premier souvenir télévisuel, Candy, qui a été mon premier contact avec le show, Rémi, mais on pourrait lister tout ce qu'on a vu dans les... Mais...
Mais le premier contact, donc, si on parle, écouter de l'animé en sachant que c'était de l'animé, ça remonte même un peu avant. On est en 92, toute la vidéo est claire, je suis dans la section pour enfants, puis je vois la cassette d'Akira, j'écoute ça, et c'est le flash. Premier contact avec un film d'animation actuel ou presque, là. On s'entend que quatre ans de délai, c'est encore relativement récent. Ça, ça avait été tout qu'un flash. Ensuite, «Distribution de scène de monde» à la télé.
le début des animés qui rentrent dans les magasins, dans les clubs vidéo.
Été 96, je commence à le L'Imaginaire, qui est devenu maintenant un magasin que même, je ne sais pas s'il y en a à Sherbrooke, mais enfin, le fêté, parce qu'il y en a dans plusieurs endroits au Québec, mais là, je bifurque. Il y avait des vidéos. Premier truc que je joue, c'est Raging Z, et cet été-là, j'ai écouté Animé sur OVA. Ça a continué des années subséquentes, et à l'automne, j'ai intégré le club Animé Québec.
en 96, et je suis encore là presque 30 ans plus tard. C'était ce qui a aidé à faire mon école, et tout était sur VHS à l'époque, donc ce qu'on avait quand on a été au club, ça a été un vecteur pour découvrir des séries presque à l'époque où ils sortaient au Japon. Je vous donne l'exemple, première représentation que je vois, on passe l'épisode 1 de Fushigi Ugi, en fait les deux premiers, Escaflown, début Bastard, pas les séries Netflix, mais les OVIA qui sont vraiment meilleures. Je pense qu'on avait aussi Final Fantasy, Legend of the Crystal, les OVAs qui n'ont pas grand-chose à voir. Ça sortait directement.
En VHS, la distribution était la même aussi pour les autres et c'était surtout des OVA quand on allait du côté commercial, mais via le fansub, les séries TV arrivaient déjà depuis le début des années 80. Ceux qui ont commencé début 90, fin 80, Kim Aguri-Renjo de Maisons QQ, c'était les passages obligés, c'est ce qui a embarqué beaucoup de monde à vie. Moi, en tout cas, quand je l'écoutais après, c'était un de mes shows préférés, mais là, on bifurque, puis ça a été vraiment... L'Internet était déjà là, mais c'était surtout un moyen de communication, c'était pas un moyen de ramasser beaucoup le... Tout se faisait encore en tape trading. Au club aussi, d'ailleurs, ça commençait à se faire des échanges entre... Quand on voulait avoir une copie des shows, parce qu'on diffusait pas toutes, donc on pouvait avoir une copie de copie des fois, et c'est comme ça que ça se communiquait, donc c'était beaucoup plus long, plus fastidieux, mais... on pouvait commencer à se bâtir des vidéothèques, et c'est comme ça que j'ai commencé ma collection. Ça a commencé en VHS, ça a fini par virer en disque durant, DVD en Blu-ray, et le reste fait partie de l'histoire.
[00:16:48] Speaker C: Justement, Vince, t'as commencé à parler des VHS et des OVA. Il y a une question que je voulais me poser. Aujourd'hui, les gens se plaignent tout le temps, les abonnements à Crunchy, etc. Parlons un peu du côté financier. Ça coûtait combien, un VHS, à l'époque?
Oui, vas-y.
[00:17:06] Speaker A: Ça coûtait cher. Je n'ai jamais dit que j'avais acheté beaucoup de VHS, j'en ai loué beaucoup et disons qu'avoir des VHS c'était pratique courante et les dupliquer aussi. On allait au club vidéo, on se faisait un souvenir, on se vautissait des collections comme ça. C'est un petit peu la façon parce que deux épisodes de Ranma, doublés en anglais, c'était à peu près 50$ dans ces années-là.
Arkadyov, Mayot ou HMV, sous-titré, il était 62,99$ si ma mémoire est bonne. Je vous donne les prix de référence. Le sous-titré était toujours plus cher à l'époque parce qu'il y avait un plus gros marché pour le doublage, mais ils vendaient toujours le sous-titré plus cher.
[00:17:48] Speaker C: Et on parle de ces montants-là, 60, 90 dans les années... Ah oui, c'est ça.
[00:17:54] Speaker A: Exactement, je ne parle pas en montants actualisés. Une série complète, ça pourrait être un investissement. Si on parle en fansub, parce que le fansub était une façon de les avoir, quand on les commandait, je me rappelle, l'escaflone, le prix, on avait un distributeur en Ontario, c'était à peu près, calculé 4 épisodes par cassette en SP.
Là, beaucoup de monde n'ont probablement pas connu. SP, on mettait deux heures par la meilleure qualité. SLP, quand c'était des choses pas importantes qu'on enregistrait à la télé, c'était six heures par cassette. Mais c'était peut-être 20, 24 $ pour trois cassettes.
[00:18:26] Speaker C: Mais justement, c'est à quel moment est-ce que c'est passé principalement d'un phénomène télévisuel à plutôt un côté home video où le phénomène home video s'est répandu?
[00:18:38] Speaker A: C'est plutôt l'inverse qui s'est fait ici. Ce qui sortait au début, surtout, c'était des films, des OVAs, et les séries TV sont arrivées plus sur le tard. Parce qu'au début, quand l'anime est rentré, les compagnies nord-américaines allaient chercher le public plus adulte, plus mature. Donc, on a eu les Ninja Scroll, The Samoan, Gunbuster. Les premiers qui sont rentrés, c'est Streamlined, Animego. qui existe toujours d'ailleurs. U.S. Manga Corps pour être un des premiers avec avant, j'ai un blanc sur le... U.S. Foundation qui a été la première édition. En tout cas, toutes ces compagnies-là, dont plusieurs ont perduré jusqu'à la deuxième moitié des années 2000, ont été ce qu'ils nous en ont. Puis les séries TV, ça a été plus sur le tard qu'on les a eues.
[00:19:24] Speaker C: Le premier film animé que moi j'ai regardé, c'était justement sur cassette VVHS, le film Digimon, qui est sorti en 2000 ou 2001.
[00:19:36] Speaker A: Ça avait été un gros succès à l'époque.
[00:19:38] Speaker C: Oui, et je me rappelle avoir regardé ça. On a acheté la cassette, puis j'ai regardé ça. Évidemment, c'était plusieurs années après, parce que moi je suis né en 2001 même. Donc je n'ai pas vu quand c'était sorti tout de suite. Mais j'ai un peu connu la fin de l'époque VHS. Et là, on arrive dans les années 2000 où... Là, il y a les DVD, Mathieu.
Et là, on rentre au moment où il y a eu comme une évolution importante dans la culture otaku au Québec.
[00:20:10] Speaker B: Là, on tombe comme dans un monde parallèle à celui que Vincent a connu. Dans le fond, ce qu'on se rendait compte, c'est qu'il y avait un peu comme deux sortes de cliques. Il y avait deux types de personnes. Ceux qui étaient branchés sur les milieux urbains, un peu comme Vincent qui avait accès à cette ressource-là via toutes sortes de réseaux, que ce soit universitaires ou les magasins.
On avait les gens comme moi qui étaient à la campagne où on n'était pas branchés sur ces réseaux-là, donc on savait presque pas ce qui se passait. Ce qu'on voyait dans les débuts d'Internet, c'était des génériques en français de très mauvaise qualité qui avaient été ripés à la télé française dans les années 80.
marqué Marie, Jeanne et Serge, tous ces trucs-là, avec des drôles de noms.
[00:20:52] Speaker A: Le pire, c'est que c'est comme ça qu'on s'est connu en bonne partie.
[00:20:55] Speaker B: On se créait une culture avec ça, puis là, on rencontrait des gens qui étaient un peu plus vieux, qui avaient des meilleures connexions. Et eux, ils allaient télécharger des trucs sur des forums vraiment obscurs, puis des plateformes, genre MIRC, puis... Et là, il y avait un phénomène de percolation, c'est-à-dire qu'une personne avait téléchargé le médium. Souvent, c'était des séries, nous, fin 90, début 2000. Là, les séries télé commençaient à prendre un peu de terrain. Très peu, mais ça commençait.
[00:21:23] Speaker A: Ce qu'on avait en premier, souvent, c'était des numérisations de VHS.
[00:21:26] Speaker B: Exactement, qui étaient horribles.
[00:21:29] Speaker A: ARM, Trigon, Sailor Moon, Drama.
[00:21:33] Speaker B: On avait une personne curieuse, disons, qui avait des moyens technologiques, qui trouvait ces choses-là, en parlait à ses amis, le transmettait, puis là, la personne avait fini de l'écouter, il le transmettait à un autre ami. Donc, on n'écoutait pas simultanément, mais c'était comme une chaîne. Puis là, on finissait par se créer une culture commune.
Puis là, il y en avait d'autres qui allaient déterrer des choses. Puis là, ils les repassaient. Donc, ça s'alimentait. Donc, ça faisait un cercle virtueux. Mais on n'était pas du... Contrairement à l'expérience que Vincent a connue, nous, là, en campagne, on était complètement déconnectés de ce qui se passait vraiment. Mais on avait quand même accès. Mais ça sortait de des endroits qu'on pouvait pas contrôler. On décidait jamais ce qu'on allait écouter. On écoutait ce qu'on nous avait donné. Puis, pour te donner une anecdote, là, fin des années 90, il y avait eu un film de Dragon Ball qui avait été... ripé illégalement sur Internet qui était disponible. Un ami l'avait mis en zip sur 50 disquettes. Puis il m'avait dit, « Ah, tu viendras le chercher. » Puis cette journée-là, je pense que c'était dans le coin de la semaine de relâche. Puis lui, il restait au village. Moi, je restais sur un rang à deux kilomètres. Puis je m'étais dit, « Ah, il fait pas si beau. » S'il est que ça dehors, en passant, il y avait un début de tempête. Fait que je suis allé là, je suis remonté dans la tempête à la maison. Puis là, je commence à passer toutes les disquettes pendant la soirée. Puis bien entendu, en vue de corrompre. Donc, j'ai pas vu le film.
[00:22:49] Speaker C: Mathieu, si tu me permets, tu parles d'une chaîne où on se passait justement des choses à regarder, mais une chaîne, ça sous-entend que la chaîne a commencé à quelque part. Où est-ce qu'on trouvait, où était la source de ces médias-là?
[00:23:04] Speaker B: En fait, la source, on s'en est rendu compte plus tard, mais c'était les milieux comme Vincent. Souvent, il y avait une de ces personnes-là qui était dans un cégep qui avait accès, et ils donnaient une personne plus vieille dans nos groupes qui était au cégep. Et là, cette personne-là, en revenant dans la famille la fin de semaine, là, elle répandait dans tout le milieu, puis ça rentrait dans l'école secondaire, puis ça se propagait.
[00:23:23] Speaker A: Ça allait où étaient les connexions Internet haute vitesse?
[00:23:26] Speaker B: Mais un des intérêts, étant donné que tu choisissais pas, t'écoutais tout, donc on écoutait des Magical Girls, des Shonen, des trucs qu'on n'aurait pas dû écouter parce que c'était trop vieux pour nous. On a tout vu, les genres, les romances. Donc, on se faisait une culture générale incroyable sans s'en rendre compte.
[00:23:44] Speaker A: Oui. Oui, c'est ça, ça bâtissait une bonne culture.
C'est sûr que de commencer avec ça, de commencer avec les films au VR, ça change la perspective de départ aussi. De commencer avec des trucs très... En tout cas, c'est ce qui a toujours bâti mes points de référence, puis peut-être, dans certains cas, rend les critères de sélection plus...
[00:24:05] Speaker B: Mais c'était très organique. Moi, je m'en rappelle, il y avait quelqu'un qui m'avait dit qu'il y avait un club à l'Université Laval. Je sais pas ce que c'était, mais il nous avait emmené une cassette VHS chez un ami. Donc, on avait écouté probablement la programmation qui avait été faite un mois avant dans le Club Animé Québec.
[00:24:21] Speaker C: Justement dans les années 2000, vous avez un peu le même âge que moi environ, donc moi maintenant je suis à la maîtrise, je suis à l'université, j'ai fait le cégep il y a quelques années. Donc comment est-ce que cette culture-là, ce phénomène-là se propageait dans les milieux universitaires, etc.?
[00:24:40] Speaker B: Mais c'est drôle, ça ramène au point de Richard Martineau qui parlait de ces gens qui avaient des intérêts puis qui ne se reconnaissaient pas dans le monde ordinaire. C'était un peu ça. On était un peu marginal. On tripait là-dessus.
Puis là, en arrivant au cégep, on croisait des gens qui avaient les mêmes intérêts alors qu'on en avait difficilement croisés avant dans notre vie. Puis là, on pouvait parler ouvertement de ces choses-là. On était aussi un peu plus matures, là, 18, 19, 20 ans. On allait plus loin dans nos passions. On était vraiment enthousiastes. Puis là, il y avait plein d'idées folles qui nous venaient. Puis je me rends compte que, sans le savoir, on était en train de reproduire des modèles japonais ou américains. Moi, dans mon coin, à un moment donné, on s'est dit, Moi, j'avais écouté Sailor Moon. Je voulais une figurine de Sailor Moon. Je trouvais rien en ligne, tu imagines, au début du web. Mais là, je trouvais des vieux Garage Kit qui étaient des bootlegs. Fait que là, achète ça. Là, j'en monte un. J'aime ça. Là, je décide de m'en sculpter un moi-même, d'un personnage que je ne suis pas capable de trouver, avec du poté à char, carrément. J'ai fait dans un... Une chance, ma mère ne l'a pas vu, mais j'ai pris un de ses plats de pyrex, puis j'ai fait un moule en plâtre en deux sections avec du poté à char, puis j'ai sculpté une figurine. Ensuite, à un autre moment donné, on se met à se dire « Hey, ça serait bon si on traquait les animés qu'on écoute. » Un de mes amis, Stéphane Tremblay, qui était en programmation au Cégep, il dit, « Ah, bien, je pourrais vous programmer de quoi ? » Bien, sans le savoir, on a programmé un équivalent de MyAnnieMélisse puis AnnieDB. Sauf qu'à un moment donné, on s'était rendu compte qu'il était tout fial. On avait tout rentré dans notre database. On l'appelait le Japanese Anime Database. Vous essayerez de prononcer ça avec les initiales en français. Ça donne un mot qui était de très mauvais goût à l'époque. Ce qui s'est passé, c'est que là, il était tout fier de nous montrer ça. On vient pour appuyer sur le bouton pour entrer, il n'y a rien qui se passe. Là, on le regarde, t'as oublié de programmer le bouton pour entrer. Puis là, il a fait un bruit de singe, puis on est partis à rire. Ça ne marchait pas nos affaires. On était à fond. C'était l'époque aussi où les gens, quand ils voulaient partager leur enthousiasme, ils faisaient des musiques vidéo, animés music vidéo. On a fait énormément de AMV. Ça a fait que ça nous a poussés à aller animer North, parce qu'il y avait quelqu'un, son oncle était à Toronto, il savait qu'il y avait une convention. Bien, nous, on n'est pas allés dans les conventions locales. Un jour, on a décidé qu'on montait à Toronto.
Donc, on est allé là, on comprenait rien du phénomène, on comprenait rien à salle marchande ou au panel, mais plus tard, on l'a compris. Puis moi, j'avais fait un... Là, on s'est créé un groupe de gens qui faisaient des AMV. C'était Jankenpo Production. Puis là, il y en a qui ont peut-être déjà vu ces vieux vidéos-là sur YouTube. Mais là, on s'est ramassé. Sa maison, à un coup, sa chambre, ça devenait un studio. Donc, il y avait le studio 1, le studio 2, le studio 3, le studio 4. Puis, chacun faisait ses styles. Puis, on a même fini par présenter de quoi à Annie Maynard dans le concours. Je ne sais pas c'était quoi le résultat parce que je n'avais pas pu me déplacer pour aller voir.
On était tellement enthousiastes, à un moment donné, quand tu sors du monde des études, la vraie vie te rattrape, puis toutes ces choses-là se sont étiolées. Mais là, les réseaux sociaux avaient commencé à se développer vraiment, puis on s'est rendu compte que toutes ces idées de fous-là qu'on avait faites dans... Chacun de notre bar dans nos lubies le fin de semaine, c'était un phénomène mondial. Les grands esprits se rencontrent, comme on dit, et tout le monde allait dans ces directions-là. Ça, c'était fascinant à découvrir.
[00:27:59] Speaker C: Justement, c'était quoi certains des grands phénomènes de l'époque? On parle beaucoup de la culture otaku, mais la culture se formait autour de certaines séries, de certains films, etc. C'était quoi les grands noms de l'époque?
[00:28:13] Speaker A: Hey, c'est très large, ça dépend de quelle époque on parle.
[00:28:15] Speaker B: Évangélion était comme l'élément fédérateur, tout le monde écoutait ça, puis après ça philosophait pendant plusieurs nuits. Une des choses, c'était Sailor Moon. On a parlé tout à l'heure, Vincent avait amené un point quand on a dit, on a commencé à écouter des dessins animés puis on s'est rendu compte qu'ils étaient japonais, Sailor Moon. Puis quand ça a passé, au Québec, au début des années 90, ça a eu très mauvaise presse. Parce que, tu sais, il y avait les scènes de transformation, les parents n'aimaient pas ça, c'était considéré comme violent.
[00:28:44] Speaker C: C'est un peu le vieux Foncato qui ressent.
[00:28:46] Speaker B: Alors que Saguet est probablement ce qui se rapproche le plus d'une figure christique, elle aime tout le monde. Mais il y avait eu un stigmate là-dessus. Tout le monde écoutait ça en cachette. Moi, j'ouvrais la télé au poste, 15 minutes avant que ça passe, puis je passais plusieurs fois dans le salon sans m'arrêter pour voir des bouts de l'émission. Parce qu'il n'aurait jamais fallu que j'admette que j'avais écouté C'est leur monde. Mais quand est arrivé le mouvement Otaku début 2000, là, tu pouvais en parler. Et là, on s'est dit, on va l'écouter, cette série-là. On la connaît pas, on a juste vu des bouts. Puis là, tout le monde a tripé. Ça fait que ça, c'était un élément fédérateur. Les shonen étaient très forts aussi. À l'époque, Dragon Ball, tout le monde écoutait ça, sauf moi.
[00:29:22] Speaker A: J'ai écouté quatre épisodes, puis j'ai plus jamais réécouté Dragon Ball.
[00:29:26] Speaker B: On allait s'intéresser... Tout ce qui était les carrés canaux, les... Marmalade Boy, ça aussi c'était populaire, même chez les gars. Escaflowne. Escaflowne.
[00:29:38] Speaker A: Kenshin.
[00:29:39] Speaker B: Il y avait beaucoup de science-fiction.
[00:29:40] Speaker A: Cowboy Bebop.
[00:29:41] Speaker B: Tout ce qui était science-fiction, qui était né après le phénomène Éva, avec un peu de mysticisme, ça, ça, ça plaisait.
[00:29:48] Speaker A: L'Îne, c'est un de mes premiers catharsis.
[00:29:52] Speaker B: Puis c'était aussi l'époque, début 2000, où les Japonais ont commencé à essayer de faire des séries. Ça avait commencé avec Cowboy Bebop, fin 90, mais cette idée-là de plus mature, pour aller chercher un public plus... un peu plus âgé, puis aussi même, c'était comme plus vendable à l'Occident, donc on écoutait des trucs qui étaient plus, tu sais, le Witch Hunter Robin.
[00:30:13] Speaker A: Tout ces trucs-là étaient de la continuité des OVAs que j'avais écoutés au début, fait que c'était comme la continuité naturelle en télévision. ce qu'on a appelé le second âge d'or de l'animation.
[00:30:25] Speaker B: Puis nous, c'était notre argument, parce que si on se faisait dire « Ah, vous écoutez des trucs pour enfants », on était là « Non, il y en a, mais le trois-quarts, c'est pour ados ou même pour jeunes adultes.
[00:30:33] Speaker A: » On va écouter « Ghost in the Shell » puis après ça, on jasera.
[00:30:35] Speaker C: Mais justement, c'est sûr que les animés, c'est quelque chose que moi, je trouve que c'est important de comprendre parce qu'il y en a vraiment pour tout le monde. Il y a tout pour tout le monde. Mais moi, j'ai aussi grandi à cette époque, les années 2000-2010. J'ai grandi à cette époque-là aussi en regardant des animés à la télé. Et ce que moi, j'ai réalisé plus tard, c'est que forcément, quand on regardait à ce moment-là, on comprenait pas que c'était nécessairement quelque chose qui venait du Japon ou de quoi. C'était juste quelque chose qui était bon. C'était le fun, c'était bon à regarder. Puis moi, dans... Dans mon évolution Otaku, je dirais qu'il y avait trois phénomènes ou trois animés qui ont vraiment marqué. C'était évidemment Pokémon, ça c'était quand j'étais vraiment jeune, Pokémon. Puis ensuite, il y a eu évidemment avec les jeux vidéo, les cartes, etc. aussi. Et peut-être un peu aussi, ça c'est plutôt le jeu de cartes, mais aussi l'anime aussi, le Yu-Gi-Oh! Yu-Gi-Oh! c'était énorme. On peut faire une épisode complète sur Yu-Gi-Oh! Moi, quand j'étais au premier ou secondaire, les tournois Yu-Gi-Oh! c'était vraiment à la mode. On jouait et il y avait des cash prizes qui étaient donnés pour des tournois d'eux-mêmes. On n'était pas vieux, on avait 8, 9, 10 ans. Les tournois Yu-Gi-Oh! c'était énorme. Et ensuite, après ça, moi je dirais que c'était Naruto. Naruto, c'est à la télé, quand on regardait ça, c'est là où c'était devenu un phénomène. Et même ça a suivi jusqu'au secondaire avec Shippuden et jusqu'à la fin de la série carrément. Et je dirais que c'est avec Naruto que plusieurs de, comme moi et mes camarades, ont commencé à lire des mangas. Pas juste à regarder des séries télé, c'était avec les mangas Naruto. Et ensuite, une fois qu'on est arrivés en 2012-2013, moi quand je suis rentré au secondaire, là c'était Solar Online. Là je dirais que ça a commencé une vague de personnes qui regardent des animés en simulcast. Avant ça, c'était vraiment la norme. Peut-être pas autant, mais quand même des séries au moins à 26 voire à 52 épisodes. Et avec Solar Online, il y a eu les arcs, les 13 épisodes, les cours, comme on dit. Personnellement, je trouve que ça a rendu les animés beaucoup plus faciles à digérer. Évince, t'es peut-être pas d'accord.
[00:33:00] Speaker A: J'apprécie d'avoir toute mon année d'une claque quand je peux. Moi aussi je suis un binger aussi.
[00:33:08] Speaker C: Moi, je suis un bijou aussi, mais c'est pour ça que moi, les 13 épisodes, je peux regarder ça dans une claque les 52, c'est compliqué.
[00:33:15] Speaker B: Mais le 13 se moulait aussi au format qu'on retrouvait sur les chaînes câblées, puis avec les débuts des... Quand il y a eu une renaissance des séries de télé, les téléromans, mais sous forme plus condensée avec tant Netflix que d'autres.
ce format-là est devenu plus digeste. Mais effectivement, il a emmené le fait que tu peux pas t'immerser complètement dans la saison. C'est toujours dommage, je veux dire, je vais avoir la conclusion dans un an.
[00:33:43] Speaker A: Ou voire même plus.
[00:33:44] Speaker B: Quand je vais avoir écouté 30 séries depuis, puis que mon esprit sera plus dans l'état mental où j'étais quand j'étais dans la première période. Ça, c'était un peu ce qui...
[00:33:54] Speaker A: Tu me parlais plus tôt dans la journée de la poticaire qu'il va quasiment falloir peut-être écouter la première saison, mais.
[00:33:59] Speaker B: Ça, c'était un bon exemple. Oui, si t'arrives à la deuxième, je pense que je vais recommencer l'écoute de la première, j'ai tout oublié.
[00:34:04] Speaker A: C'est le drame de la chose, hein. Ce qui aurait été à l'époque peut-être une ou deux saisons continues de 26 ou 52, bien, c'était tiré sur longtemps, là.
[00:34:12] Speaker B: Il y avait un phénomène, Vincent, tu dois t'en rappeler, quand on consommait les séries début 2000. Disons, le standard, c'était 26 à cette époque-là. La première partie jusqu'à l'épisode 15, généralement, c'était une mise en bouche. T'apprenais à découvrir les personnages, le monde. C'était très lent, il se passait rien. Puis quand il arrivait, nous c'était devenu un running gag. Quand arrivait l'épisode 16, là c'était le renversement total. Tout partait de tous bords, tous côtés. L'univers était détruit. Puis là t'avais à peu près 7-8 épisodes extrêmement intenses. Fait que dès que t'arrivais à l'épisode 16, tu pouvais plus arrêter. tu continuais, puis finalement, t'avais ton dénouement. Donc, ça créait une espèce de montagne russe émotionnelle qui faisait que les séries étaient très marquantes.
[00:34:57] Speaker A: Oui, c'est le simple fait d'avoir une fin. Avant, c'était quasiment un acquis, d'avoir une histoire complète qui se tenait en 26 ou en 50, alors qu'aujourd'hui, c'est... C'est l'exception malheureusement.
[00:35:12] Speaker B: On souhaite que la série qu'on aime va être très populaire pour qu'on ait la conclusion.
[00:35:16] Speaker A: J'attends encore ma saison 2 de Zipang.
[00:35:19] Speaker B: Tu l'auras jamais.
[00:35:20] Speaker A: J'en sais. C'est pour ça que j'ai acheté les 42 volumes du manga. Excellent manga.
[00:35:23] Speaker B: C'est pour vivre le rêve.
[00:35:24] Speaker C: Mais tu sais, Mathieu, justement, avant de commencer l'émission, on parlait du fait qu'au Japon, notamment, qu'on étudie le phénomène des animés. On voit ça vraiment en silo.
[00:35:34] Speaker B: Ah, c'est incroyable.
[00:35:34] Speaker C: Il y a comme une espèce de vision en tunnel. Mais maintenant que je y pense, il y a un cap quand même un peu... pratiquent tout le débat autour de c'est quoi un animé en fait. Les années 2010, c'est là où vraiment ça a pris de l'ampleur. Il y a eu deux émissions qui étaient vraiment des phénomènes, c'est Avatar The Last Airbender et Ruby. Et il y a beaucoup de personnes qui sont rentrées dans les animés à travers ces émissions qui sont des productions américaines.
C'est tout le débat autour de c'est quoi un animé qui est parti à partir de là parce qu'il y a beaucoup d'otakus qui sont rentrés dans la communauté otaku à travers Atla et Ruby et qui ont pu regarder en arrière.
[00:36:24] Speaker B: C'est un point que tu touches qui est intéressant. On le voit, tous les gens qui essaient de classer tant les animés, les figurines, les produits dérivés, depuis quelques années, ils frappent tous le mur.
Est-ce que c'est un produit japonais ou c'est un mode d'expression culturelle? Tu sais, c'est... Retournons à... Regarde, on va faire de l'académique, là, c'est pour ça que tu voulais qu'on vienne. Retournons à la Grèce antique. Tu sais, il y a des canons, là. Il y avait la culture grecque au début dans les cités-états, mais ça s'est répandu, ces styles-là, puis c'est devenu un langage commun tout autour du bassin de la Méditerranée.
Est-ce que c'est... Est-ce que parce que tu fais de l'architecture inspirée des Grecs et pas Grecs, parce que tu la fais à Rome, même si tu t'es inspiré d'eux, puis c'est parce que tu trippais sur ce qu'ils faisaient, ou si tu peux seulement te tenir compte de ce qui est dans la ville d'Athènes, par exemple? Donc, on est en train de vivre le même phénomène d'hyperdiffusion.
[00:37:20] Speaker C: C'est une analogie intéressante parce que ces civilisations d'origine de culture grecque, on appelle ce processus d'hélénisation. Et il y a même, par exemple, lorsque Alexandre le Grand a conquis et son général Ptolémie avait conquis l'Égypte, c'est devenu une civilisation hélénisée. L'Égypte de l'âge bronze n'existait plus, c'est devenu une civilisation hélénisée. Évidemment, Cléopâtre, etc. qui est une descendante de Ptolémie. Est-ce que tu crois que c'est comme une japonisation qu'on est en train de vivre?
[00:37:59] Speaker B: Je le pense parce que toute la question d'esthétique visuel, dessin à la main. L'Occident l'avait mis aux poubelles à la fin des années 90. Le Japon l'a conservé. Et maintenant, le Japon a la domination du style graphique. Quand on regarde des gens dessiner... Toi, t'es toujours teinté un peu de ce qu'est le monde des animés ou le monde du manga, partout où tu vas dans le monde. Donc oui, il y a un phénomène de japonisation qui est similaire à un phénomène d'hélénisation. Jusqu'à quel niveau? Bien, ça dépend. Puis quand tu parlais de Ruby, par exemple, ou de Airbender, c'est intéressant parce que moi, ma génération, notre porte d'entrée vers l'animation, c'était les mystérieuses cités d'art.
qui sont un peu la même chose. C'est une coproduction européenne. Le dessin a été fait par... Le caractère design avait été fait un peu à l'européenne. L'histoire, c'est des Européens qui l'ont écrit. L'animation a été faite au Japon.
[00:38:57] Speaker A: Par Studio Pierrot.
[00:38:58] Speaker B: Par Studio Pierrot, effectivement. Donc, on se ramasse avec un entre-deux. Au même titre que ton rubis est un entre-deux, t'as une sensibilité à l'américaine, mais avec une sensibilité à la japonaise. C'est comme un portail, c'est une drogue d'entrée, comme on dirait.
[00:39:12] Speaker A: Oui, parce que quand on va dans le domaine, même il était une fois l'espace, rentre dans la suranie des baies.
[00:39:17] Speaker B: Puis nous, ma génération, c'était beaucoup ça. On était là, je veux en savoir plus sur les cités d'art, puis là, tu tombais sur les animaux automatiquement. Fait que, ah, il y a des choses comparables, mais c'est au Japon. Fait que là, tu grattais puis tu allais les chercher au Japon.
[00:39:28] Speaker C: Est-ce que la culture otaku au Québec a été influencée quelque peu par le phénomène otaku en France? Parce qu'aujourd'hui des gens le savent peut-être. La France est probablement le consommateur de tout ce qui est manga et de choses otaku à l'extérieur du Japon, le plus grand consommateur. Donc à quel point est-ce que la culture otaku française a des amalgames au Québec?
[00:39:58] Speaker B: C'est une question complexe. Ça dépend des époques, honnêtement. Moi, à mon époque... Vincent, tu rajouteras parce que je suis curieux d'avoir ton point de vue là-dessus.
Quand on a commencé sur l'Internet, on était des petits francophones à l'école secondaire qui parlaient pas bien bien anglais, donc on allait chercher sur Alta Vista puis Yahoo en français. Donc, ça nous amenait, comme tu disais, vu que les Français avaient gardé ça vivant avec la chaîne manga puis des choses comme ça, ça nous amenait directement sur des sites web amateurs francophones. Donc, c'était par eux qu'on découvrait les séries au début, puis qu'on savait que ça existait. En fait, ce qui était la révélation, c'est qu'on pensait que ça existait plus, ces dessins animés-là, à l'ancienne. Puis là, on a découvert que les Japonais avaient jamais arrêté. Puis là, ça fait « wow ». Quel trahison. Après ça, t'as eu aussi un autre phénomène qui est avec les étudiants étrangers. On a beaucoup de Français qui sont venus au Québec dans nos universités. Ils ont amené cette culture-là, ils l'ont diffusée. On le voit dans les clubs d'animation universitaire. Souvent, il y a énormément de Français. Si on va dans les conventions, dans les exécutifs, tout ça, énormément de Français. Donc, effectivement, il y a eu une pollinisation. Mais...
depuis les 20 dernières années, elle vient de tout partout. Mais c'est effectivement une composante importante.
[00:41:10] Speaker C: Vince, vas-y.
[00:41:12] Speaker B: Je voulais savoir, toi, la France, comment tu l'avais perçue dans ton expérience?
[00:41:17] Speaker A: Moi, ce que je voyais, c'est surtout qu'on a la chance d'être aux confluences, d'avoir l'influence française et nord-américaine.
L'influence française était là, oui, mais moi je dirais peut-être plus parce qu'on a reçu, télévisuellement ainsi, puis par les magazines, de très grande qualité. On a eu, je pense, un qui est là depuis très longtemps, Annie Meland est là depuis les années 90, et c'est probablement là où j'ai vu les meilleurs articles.
Le fansub existait au Québec aussi, en français, mais de façon très marginale. Mais une grosse portion de la culture était du côté nord-américain, donc ça amenait un peu les conventions à la nord-américaine avec des panels basés un peu sur les comic books. Ça amenait certains titres qui étaient plus populaires dans le million de lefons. Tout ce qui était le fansub qui est passé, percolé par les États-Unis aussi. Donc ça nous amène deux cultures différentes qui fait qu'en étant situés là, ça nous donne peut-être une culture plus vaste que quelqu'un qui aurait été uniquement en milieu nord-américain ou canadien anglais ou américain.
[00:42:21] Speaker C: Et la question que je voulais poser justement par rapport à la culture otaku québécoise versus française, c'est justement ce sujet-là. Quelles sont les similitudes et les distinctions qu'on ferait entre les deux cultures de villes si tu avais apporté justement le fait que le Québec à cette proximité avec les États-Unis et tout le monde anglophone. Mais est-ce qu'il y a d'autres choses qui, par exemple, qui distinguent la culture otaku québécoise particulièrement de la culture otaku française?
[00:42:53] Speaker A: Je pense que le concept de convention est très différent aussi. En France, c'est souvent des conventions dans des salles d'exposition alors que...
[00:43:01] Speaker C: Le Japan Expo.
[00:43:02] Speaker A: Oui, le Japan Expo.
Ça doit être fantastique aussi d'inviter, mais c'est plus une grosse salle marchande que vraiment une salle où il y a des conférences, des panels. Le style est différent. Et je ne cacherais pas que je préfère peut-être le style à la nord-américaine où il y a des conférences, parce que moi, j'aime ça les conférences.
en donner, en voir, mais est-ce qu'il y a... est-ce que le fan d'animé québécois versus le fan nord-américain, français, nord-américain, différent, je penserais pas. Je pense que la passion est la même partout. L'approche de l'affaire va être différente, mais je crois que fondamentalement, notre culture commune, notre intérêt va être la même partout. Je sais pas si c'est là où on voulait en venir.
[00:43:42] Speaker B: Non, je suis d'accord avec toi, Vincent, c'est ça. Ça devient universel au-delà des frontières, mais effectivement, c'est teinté par les cultures locales.
[00:43:49] Speaker A: C'est ça, il y a des différences.
[00:43:51] Speaker B: Ici, un phénomène qu'on a eu beaucoup... Les Américains, c'était long avant qu'ils embarquent dans l'édition des mangas. Mais les Français, très rapidement, dans les années 90, ils avaient pris tout le terrain. Pensons à Glenna, qui était un des grands pionniers du manga.
[00:44:03] Speaker A: Oui, oui, tout ça, c'est quand même rapidement amené au Québec.
[00:44:04] Speaker B: Puis au Québec, moi, quand j'étais enfant, quand on voulait de la culture des livres, Tout ce qui était littérature, ça venait principalement des éditeurs français. Les éditeurs québécois n'étaient pas encore très développés, puis les Américains ne rentraient pas vraiment dans notre marché parce que la barrière de la langue était trop forte. Donc, il y a beaucoup de gens dans les années 90, début 2000, qui ont eu accès à énormément de mangas, avant même les animés. qui aurait été impossible si on avait été en isolation en Amérique du Nord, comme tous les autres. Ça fait que ça nous a donné un certain petit avantage. Mais de nos jours, je pense que ça s'est pas mal dilué, là, ces choses-là.
[00:44:39] Speaker A: Moi, je pense que l'offre linguistique doit être quand même plus balancée. Mais à l'époque, oui. On était gâtés d'abord parce que la France a été vraiment l'avant-plan. J'ai écouté justement...
Il y avait... Annie McGaw, avant l'entrevue, le fondateur de Yann Presse, j'ai un blanc sur son nom, mais qui parlait de l'histoire du manga, qui avait une... versus la France, qui avait quand même un certain retard, bien que ce sidelight commençait assez tôt aux États-Unis, on remonte aux années 80.
[00:45:06] Speaker B: Puis il y a un point qui est intéressant, la France a toujours... la culture française a toujours été japanophile depuis la fin du 19e siècle. Ça a été là. Dans les années 60, il y a eu toutes les... la vague de cinéma qui a eu lieu en France. Les Japonais l'aimaient. Il y avait des gens qui se connaissaient, des producteurs. Donc, il y a toujours eu ces liens-là naturels avec la francophonie et le Japon qui faisait que le transfert des... C'était pas juste un transfert de culture, disons, de produits culturels. Il y avait un transfert d'idées puis une sorte d'admiration.
[00:45:41] Speaker A: Faut penser à Moebius.
[00:45:43] Speaker B: Oui.
[00:45:44] Speaker A: Probablement un des meilleurs exemples de contre-influence culturelle. Il a autant influencé le Japon que le Japon de l'Ouest.
[00:45:52] Speaker B: La vieille BD Yoko Tsuno, dans les années 60, qui est un bon témoignage de ça.
[00:45:58] Speaker C: Les japonais aussi ont toujours eu une fibre un peu américanophile de leur bord. Francophile aussi, oui.
[00:46:07] Speaker B: Ils en ont les deux, c'est ça qui est drôle. Ils les mélangent. Nous qui vivons là-dedans, on va les partitionner, eux autres ils mélangent.
[00:46:13] Speaker C: On le voit dans les animés japono-japonais. Ce n'est pas pour aller chercher un public. C'est pour un public japonais. On a les pâtisseries françaises avec des noms français, le classique.
On a l'américain stéréotypique, Metal Gear, série faite par Hideo Kojima avec le sénateur Armstrong qui est un peu la figure typique de l'américain avec les gros muscles. Mais justement c'est intéressant comment les japonais ont un peu comme un reflet de soi-même en voyant comment les japonais nous perçoivent.
Oui.
[00:46:59] Speaker B: Non, non, mais c'est ça. Mais tout à l'heure, quand on s'en venait, on écoutait la trame sonore de Dirty Pair. Puis il y avait plusieurs noms qui étaient français, pas de deux.
[00:47:08] Speaker C: Ben oui.
[00:47:09] Speaker B: Puis effectivement, c'était partout. Dans les années 70, il y a eu énormément d'animés qui avaient des thèmes français. Oui, oui.
[00:47:16] Speaker A: Puis pensez, de l'autre côté, le succès de René Simard au Japon, avec la petite japonaise.
[00:47:21] Speaker B: Effectivement.
[00:47:21] Speaker C: Et Mathy, plutôt tu parlais de Camille en avant, après Internet. Je crois que pour moi, la manière que je l'ai vécu, la fin de l'âge d'or de TéléToon a un peu collé avec le début de l'animé sur l'Internet, avec les simulcasts et tout ça. Comment est-ce que, au-delà des Chico Club, vous qui avez, on va dire, traversé les airs, je ne vais pas vous donner les airs de vieux, mais vous avez un peu traversé les époques. Comment est-ce que vous l'avez vécu, justement, le début de l'Internet et l'animé sur Internet ?
[00:47:57] Speaker A: Moi, je pense que c'était là pas mal au début, mais l'Internet est arrivé un peu plus tard chez nous dans mon cas. Je veux dire, j'ai commencé, tout est encore... J'ai eu l'Internet à la maison peut-être fin 98, puis j'ai commencé vraiment activement en 96. Mon club, on avait accès à ce qu'on voyait des fois, quelques articles de revues à gauche, à droite, tout ce qui pouvait se trouver. Aller faire le tour d'un magasin pour voir ce qui était sorti dans les clubs vidéo. Comme le premier truc que j'ai été loué, c'était Ruding Z, parce que je savais que c'était le gars qui avait fait Akira. Après ça, c'est bon. Lui, je sais que c'est le gars qui a fait Adbator. Donc, Leiji Matsuboto. Mais la transition par Internet s'est faite assez lentement, parce qu'au début, c'était seulement une source d'information. Aller chercher des... commander des tapes, faire du tape trading, aller chercher un générique. Quand 2000 est arrivé, c'est là où c'est vraiment venu une source aussi où aller chercher des vidéos. L'Ovina, ça a probablement été la première série qui était, on pourrait dire, un simulcast fansub. On l'avait pratiquement au même temps que ça sortait au Japon. Puis c'était dans une qualité qui était regardable. On disait que c'était arrivé. Les connexions de haute vitesse se sont démocratisées. Puis après ça, le reste fait partie de l'histoire. Les premières moitiés des années 2000, ça a été l'âge d'or du fence-up. Le crunchy roll est arrivé à la fin. Puis après ça, la transition s'est faite vers le milieu qu'on connaît aujourd'hui. Je pense que je peux résumer très, très brièvement.
[00:49:15] Speaker B: Puis c'était une transition qui s'est faite un peu imperceptiblement, même si des fois, on voyait, il y a une petite révolution qui vient d'arriver. Quand le simulcast est arrivé, on s'en est rendu compte. Une très grosse révolution. Ça a été le peer-to-peer, tout ce qui était les torrents. Parce que là, tout d'un coup, t'avais plus à dépendre de tes amis pour partager des téléchargements. Donc ça, ça a changé complètement la dynamique. Puis j'ai perçu à partir de ce moment-là que notre culture commune, entre cercles de gens qui se connaissaient, commençait à s'atténuer parce que là, Chacun allait chercher ses trucs, les écoutant en isolation, et là, on commençait de moins en moins à avoir des points en commun. Ça, c'est une chose qu'on chialait beaucoup, début 2010.
[00:49:58] Speaker A: Oui, absolument. La perte de repoints communs, plus on avance, plus c'est grave.
Puis ça, ça vient des saisons à 50 shows. Ça fait que deux personnes dans le même club peuvent avoir une culture animée actuelle qui est complètement différente l'une de l'autre. Si quelqu'un aime les séquelles, il peut en écouter 10 par saison s'il veut. Si quelqu'un aime les shows plus sérieux, bien là, il peut supporter une culture que quand on regarde sur la revue de l'année, ça fait OK, il manque ça, ça, ça, ça, ça.
[00:50:25] Speaker C: Non c'est vrai, c'est quelque chose que moi-même j'ai vécu dans les clubs animés au Cégep à un moment parce qu'on avait quand même une certaine culture commune notamment autour des... Au Cégep, moi quand j'étais là, parce que c'était le début justement de la montée des Manhua puis des Donghua, des productions coréennes et chinoises. Alors là, on s'est un peu retrouvé autour de ce phénomène-là. Même autrement, on écoutait... Quand je suis allé à l'université, le club déjà était beaucoup plus gros et là, il y avait tellement de... genre d'animés différents qui étaient écoutés. Parfois, même en termes de choisir qu'est-ce qu'on voulait. Souvent, on se mettait d'accord. OK, il y a un nouveau film qui arrive au cinéma. On va aller l'écouter en club. Mais à part ça, dans le club, parfois, les discussions sur les animés, bon, je ne vais pas nommer des noms, mais parfois, ça devenait assez exagérable en termes de débats. Puis ça s'insultait carrément personnellement. C'était terrible.
[00:51:20] Speaker A: Ah bien, des discussions, ça peut être échauffé au club. Ça m'est arrivé entre amis aussi des fois. On ne dira pas que ça vire à la gare de trancher, mais l'expérience de quelqu'un pour un show peut être très différente de l'autre, alors qu'à l'époque, on avait un minimum de shows communs. Il y a des saisons où un show que tout le monde a vu, c'est rare, malheureusement.
[00:51:40] Speaker B: Puis une chose aussi qu'on est passé. Il y a 20 ans, consommer un animé, c'était un produit de niche. Tu faisais un effort pour aller le chercher. Il y avait quelque chose d'un peu précieux. Maintenant, tu te branches, puis poup, tu l'as. Donc, c'est devenu de niche vers de masse. Même si les passions sont restées les mêmes, bien, c'est sûr que ça vient jouer sur l'actualité.
[00:51:59] Speaker A: Puis les plateformes sont démultipliées. C'est ça qui est surprenant aussi.
Puis le nombre de vieux trucs qui sortent présentement aussi est incroyable.
[00:52:08] Speaker B: Ce qui est drôle, c'est qu'il y a 20 ans, tout le monde disait que ça allait mourir. Il ne reste plus beaucoup d'années. Dans environ 2004-2005, tout le monde pensait que sa vie ne va pas encore longtemps. Puis regarde, c'est devenu mondial depuis.
[00:52:20] Speaker C: Non, absolument. Et justement, vous le voyez comment, vers où est-ce que l'animé va aller? Évidemment, il y a des avantages aux saisons à 50 émissions, mais aussi des avantages, des inconvénients. Comme tu disais, Vince, tu penses, l'avenir, ça va aller vers où, un peu, les animés?
[00:52:39] Speaker A: Ça va dépendre vers quelle direction on va aller, mais c'est sûr que si on reste à faire autant de démultiplications de séries, un moment donné, il va y avoir...
l'industrie ne sera plus capable de suivre. Fournir autant, on s'entend que si on parle de productions qui sont encore surtout produites au Japon, les studios à un moment donné, on voit l'état dramatique de l'industrie et de ses artisans. Est-ce qu'elle va être capable de soutenir encore ce rythme-là à long terme? C'est une question à se poser. Puis est-ce qu'on souhaite voir le médium se globaliser au point de se dénaturaliser, de se dénaturer, c'est ça le problème. C'est ça la question aussi. Parce qu'en faisant des séries qui sont plus conçues dans l'optique d'un public occidental, des fois, ça peut en changer de la nature même versus des séries qui étaient plus faites pensées pour le public japonais.
[00:53:32] Speaker B: Oui, on perd un certain exotisme, ça c'est certain.
[00:53:35] Speaker A: C'est ça que je veux dire. Pas péjoratif.
[00:53:37] Speaker B: Non, non.
[00:53:37] Speaker A: Mais je veux dire, via certaines sensibilités, ça peut jouer.
[00:53:42] Speaker B: C'est certain, pensons à la Corée ou même la Chine, je veux dire, la prochaine étape, c'est qu'ils font eux-mêmes leur propre...
[00:53:49] Speaker C: Ils le font déjà.
[00:53:50] Speaker B: Ils le font déjà, ils ont les studios, mais ils sont au point où ils vont prendre le marché, là, c'est certain.
[00:53:56] Speaker A: Mais est-ce que j'ai un intérêt pour cette production-là? Peut-être un peu moins, je dois le constater.
[00:54:02] Speaker B: Ça tombe dans les sensibilités du véhicule personnel, mais on se rend compte que ce ne sera probablement plus un monopole. Récemment, c'est intéressant, on a beaucoup de remakes de vieilles séries des années 80.
On est dans l'ère Reiwa, au Japon, puis il y a beaucoup de gens qui se plaignent sur les forums en japonais, là, c'est assez drôle. Puis ils sont là, bien, est-ce que les remakes, c'est juste parce qu'on n'ose pas faire des séries modernes qui punchent? Fait qu'en faisant un remake, ah, mais c'est historique, j'ai le droit d'aborder ces thèmes-là qui passeraient pas de nos jours. Est-ce qu'on est en train de mettre un décalage un peu étrange qui se crée dans l'industrie?
[00:54:32] Speaker A: Puis encore là, des fois, quand ils le font, peut-être qu'ils adoucissent un peu certaines choses.
[00:54:36] Speaker B: Bien, ils n'ont pas le choix, là. Tu sais, c'est un produit culturel, ça.
[00:54:39] Speaker A: Suit les... Parce que Kim Enguimi, c'était violent par bout.
[00:54:43] Speaker B: Je sais pas s'ils vont réussir, mais ça, c'est intéressant de voir que même les Japonais s'en rendent compte qu'il y a une dilution, quelque chose qui se passe, puis ils essaient de s'y accrocher. Ils comprennent pas encore trop le phénomène, mais...
J'aime pas ça faire des prédictions comme ça, parce qu'on est toujours surpris. Mais une chose que j'ai toujours remarqué, c'est la bonne vieille règle des 10 ans. Une mode, ça prend 5 ans à l'adopter, puis ça prend 5 ans à s'entamer. Puis à date, ça s'est toujours super bien appliqué au monde de l'animation, donc j'ai hâte de voir où il y a tendance.
[00:55:14] Speaker A: On doit travailler de sortir de la mode des sécailles, enfin.
[00:55:16] Speaker B: Probablement.
[00:55:18] Speaker C: J'espère honnêtement. Je suis un fan des Isekai, mais là c'est devenu une sursaturation réellement des nombres de séries. Il y a eu vraiment une diminution de la qualité de genre de production qui sont faites. Pas nécessairement en termes d'animation, mais en termes d'adaptation. où ça devient assez médiocre. Donc, moi, tu sais, je trouve que Freerun, c'était vraiment une bonne chose, que le fait que Freerun s'est devenu un phénomène, parce que je crois qu'on se dirige... Bon, je vais faire une prédiction à moi-même, là, pour finir l'émission. Freerun, ça nous ramène un peu dans la fantaisie classique, et j'espère qu'on va un peu retourner vers ce bord-là. Vince, tu as quelque chose à dire pour boucler?
[00:56:04] Speaker A: Pour boucler, bien, merci beaucoup de nous avoir invités. Ça a été une expérience agréable, puis j'avais l'impression que ça faisait cinq minutes qu'on était au...
Ça passe trop rapidement.
[00:56:13] Speaker C: Je limite les épisodes pour une raison. Mathieu?
[00:56:18] Speaker B: C'était un plaisir de partager tout ça avec toi. Surtout, tu te dis très jeune, mais la réalité, c'est que tu as un regard très profond sur ce phénomène-là. Donc, c'est un honneur de venir en Jersey avec toi ce soir.
[00:56:31] Speaker C: Écoutez, c'est moi qui suis ravi, je suis fan de vous et maintenant vous êtes venu sur mon émission, c'est le rêve. Merci beaucoup et bonne soirée Vince et Mathieu. La semaine prochaine, Gabriel Cadieux, doctorant, viendra nous parler des politiques de confidentialité des jeux vidéo. Bonne soirée tout le monde.
[00:56:59] Speaker B: Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org.