Episode Transcript
[00:00:00] Speaker A: Le balado que tu t'apprêtes à écouter.
[00:00:01] Speaker B: Tu peux pas l'entendre ailleurs. C'est une exclusivité.
[00:00:37] Speaker A: Bonsoir tout le monde, il est 18h05, bienvenue à l'émission Ma Radio Academia. Dans cet épisode 2, on va parler d'un sujet important avec un invité très spécial. La Chine, cette civilisation qui traverse les millénaires et qui ne cesse d'électriser l'imagination du monde entier. De son imposante muraille à ses villes modernes, de ses innombrables temples et ses robots-serviteurs dans les restaurants, le pays de Sun Tzu et de Cao Cao, de Li Bai et de Zhuge Liang, de Sun et de Mao, le pays du Wonton et du Xia Long Bao, le pays du Wuxia et du Danmé, le pays de Wukong et de Genshin Impact. Nombreux sont ceux qui sont fascinés par la Chine, mais peu la comprennent. Pour y voir plus clair, j'ai avec moi un essayiste et aspirant politologue de l'Université Concordia. En août 2022, dans le contexte de la visite de Nancy Pelosi à Taipei, elle publie un essai dans le South China Morning Post qui s'avère prophétique.
Je cite, le village de Pelosi à Taipei n'est rien de plus qu'un exercice de bien-prensance qui ne fera qu'attiser la tension dans l'Asie-Pacifique. Il servira à ses ambitions politiques à la maison. Elle ne contribuera à rien à la société taïwanaise, ni même pouvoir appeler le lieu de sa visite par son véritable nom constitutionnel. Vous êtes avec nous de vos bureaux à Montréal. Bonsoir Bai Chiao-Chen et merci d'avoir accepté notre invitation.
[00:01:57] Speaker B: Bonjour Brahma, merci de me recevoir.
[00:02:00] Speaker A: Baïchao, c'était un article qui était considéré comme important à cette époque-là. Comment avez-vous pensé à écrire sur ce sujet ?
[00:02:16] Speaker B: Oui, donc c'était un article très important. C'était une visite politique très importante aussi. J'ai pensé à m'exprimer et donc j'ai envoyé une lettre, comme on le dit, à l'éditorial du South Morning China Post. Et donc, je voulais m'exprimer sur ce sujet parce qu'il n'y avait pas vraiment beaucoup d'experts en Occident qui s'exprimaient sur ce sujet-là. Il n'y avait pas vraiment une voix qui connaissait vraiment la région. Et donc, je voulais vraiment m'exprimer parce que, selon moi, afin de bien s'exprimer sur ce sujet-là, il faut comprendre l'Occident, mais l'Orient aussi. Et donc, je pense que je suis dans une position quand même assez spéciale, et c'est pour ça que j'écris sur ce sujet-là.
[00:03:10] Speaker A: Et en fait, d'où est venu cet intérêt pour vous à étudier justement ces questions sur la culture chinoise, la Chine et les relations trans des trois, même au-delà de vos origines personnelles ?
[00:03:28] Speaker B: Surtout parce que les relations trans-détroites, c'est vraiment une guerre civile qui ne s'est pas achevée. Donc, c'est une guerre civile qui est en train de se continuer, mais en différentes formes. Et donc, bien sûr, en 1949, la guerre civile s'est terminée de facto. physiquement, donc il n'y avait pas vraiment eu de guerre physique. Mais politiquement, c'est encore une guerre civile. Et donc, le public en Occident, c'est quelque chose que les gens en Occident ne comprennent pas vraiment. Et de l'expliquer profondément, c'est quelque chose qui, selon moi, est vraiment important.
[00:04:13] Speaker A: Et en ce moment, vous êtes à l'Université Concordia, c'est ça ? Et vous étudiez sous le professeur Spencer Churchill ?
[00:04:21] Speaker B: Oui, je suis en train de faire mon bac à l'Université Concordia, je suis en troisième année. Et le professeur Spencer Churchill, j'ai eu quelques cours avec lui, dont un cours sur les relations internationales.
[00:04:35] Speaker A: Et pourtant, vous avez quand même une carrière assez mouvementée, on va dire. Avant ça, vous avez traversé plusieurs facultés et vous êtes finalement arrivé maintenant à Concordia. Vous avez aussi travaillé pendant une année à Lightspeed. Vous avez fait beaucoup de choses pour quelqu'un de votre âge.
[00:04:56] Speaker B: Oui, la vie, c'est comme ça. Des fois, les plans en matière de carrière ne se transforment pas vraiment en réalité. Il faut faire des changements. Et donc, pour moi, j'ai étudié en sciences politiques à l'UDM. Ensuite, j'ai pris quelques cours en affaires à l'UQAM. Puis ensuite, je me suis retrouvé à Concordia. Et comme vous l'avez dit tantôt, j'ai travaillé pour des entreprises pendant une année, donc plusieurs entreprises, quatre entreprises dans le secteur technologique en seulement une année. Donc oui, la vie c'est comme ça et des fois il faut faire des changements quand la situation devient différente ou quand la situation change.
[00:05:44] Speaker A: Et maintenant, vous êtes quelqu'un, pas simplement autoproclamé, mais vous êtes quelqu'un qui est reconnu en tant qu'un expert émergent sur la Chine en Occident.
[00:05:59] Speaker B: Je ne dirais pas vraiment un expert, je suis encore en train de finir mon bac, mais je dirais que oui, à la suite de la publication d'un article que je viens de rédiger avec le professeur Spencer Churchill, je pense qu'il n'y a pas vraiment beaucoup de gens qui s'intéressent. Ah oui, le professeur Spencer Churchill et moi, nous avons écrit un article sur les relations transdétroites et pourquoi Washington doit préférablement écouter le Kuomintang, le parti nationaliste chinois à Taïwan, sur les relations transdétroites avec la Chine continentale. Je n'en dirai pas plus parce que l'article va se faire publier bientôt et les gens peuvent aller le lire. Mais pour revenir sur ce que je disais tantôt, sur mon statut, comme vous l'avez mentionné, comme étant un expert, je ne dirais pas vraiment un expert, mais il n'y a pas vraiment beaucoup de gens en Occident qui connaissent vraiment les relations transdétroites. Et donc, personnellement, je pense que j'ai un intérêt profond sur ce sujet-là. Et avec de la recherche, mais aussi avec ma connaissance de la langue chinoise, il est plus probable pour moi de s'exprimer avec plus de connaissances sur ce sujet-là particulièrement. Et donc, est-ce que ça me fait un expert? Pas vraiment, mais je dirais que c'est un sujet qui m'intéresse beaucoup.
[00:07:25] Speaker A: En fait, les gens connaissent peut-être l'histoire, mais le comprennent peu. C'est ça un peu le focus de votre recherche, le fait que les gens connaissent peut-être les faits, mais comprennent peu le contexte, la culture et les événements qui sont autour de ce phénomène.
[00:07:48] Speaker B: Oui, parce que la plupart des Occidentaux, quand ils regardent l'Orient ou quand ils essayent d'examiner ce qui se passe en Asie ou dans des régions lointaines, la plupart du temps, ils le font avec un bias. Et donc, AMBI, c'est ça. Et ça, ça fait en sorte que oui, ils savent les faits, mais ils ne peuvent pas vraiment prédire les transformations géopolitiques ou culturelles, ou ce qui va se passer dans le futur, ou pourquoi certaines décisions ont été prises. Donc, il est important de comprendre la culture de l'Asie, de comprendre la culture chinoise. de comprendre l'histoire aussi, avant de partager certaines opinions sur ces sujets qui sont, selon moi, quand même assez complexes.
[00:08:44] Speaker A: Et vous, vous êtes quelqu'un qui vous considérez assez attaché au contexte pour pouvoir l'expliquer correctement, entre guillemets.
[00:08:58] Speaker B: Oui, personnellement, je suis les nouvelles qui proviennent de l'Asie et surtout dans la grande région chinoise presque quotidiennement, je dirais. Et donc, savoir parler la langue, donc le mandarin, c'est très important. Et donc, je suis très connecté avec les nouvelles et ce qui se passe dans cette région-là. Et de cette façon-là, je me sens bien.
[00:09:24] Speaker A: Non, désolé de vous avoir coupé, mais je voulais justement parler du mandarin. Votre nom est Chen Baichao en mandarin, mais en cantonais, c'est Pak Chiu. Ça, c'est quand même intéressant, non?
[00:09:39] Speaker B: C'est la même chose, c'est juste la romanisation qui est différente. C'est comme si on disait « bromor », bon, je pense que c'est sûrement un nom de romanisation. Par exemple, si on écrit « bromor » en chinois, bon, ce serait quelque chose de complètement différent que « bromor » en français ou en anglais. Donc, c'est juste une romanisation différente suivant un dialecte différent que celui du mandarin.
[00:10:06] Speaker A: Absolument. Donc, après la pause, nous rentrons dans le vif du sujet. Nous parlerons plus précisément de la scène politique de la République démocratique, la République de Chine et l'industrie, la culture. Après la pause.
De retour de la pause, rentrons dans le vif du sujet. M. Bai Chaochen, vous êtes quelqu'un qui vous connaissez quand même assez bien sur le contexte politique de la République de Chine, de la République populaire de Chine également. Expliquez d'abord la distinction entre ces deux entités politiques.
Expliquez le contexte de ce qui se passe au-delà du Détroit en République de Chine.
[00:11:09] Speaker B: Oui, bien sûr. Premièrement, il est important de savoir que techniquement, il y a deux Chines, même si réellement, sous la loi internationale, il y a seulement une seule Chine. Premièrement, commençons par la République populaire de Chine, qui est reconnue par la plupart des pays, dont le Canada. La République populaire de Chine, maintenant, occupe le territoire de la Chine continentale. Et donc, son siège de gouvernement est à Pékin, en Beijing, comme on le dit en mandarin. et la République de Chine et le gouvernement de Chiang Kai-shek, qui avaient occupé la Chine continentale avant la Deuxième Guerre mondiale. Donc la République de Chine qui a fait tomber le dernier dynastie impériale chinoise dirigée par des Manchus, donc la dynastie Qing, en 1911. La République de Shûn s'est installée en 1911 en Chine continentale, et ils se sont combattus contre les Japonais durant la Deuxième Guerre mondiale. Ensuite de cela, ils ont perdu le Kuomintang, donc la République de Shûn. Ils ont perdu la guerre civile contre les communistes qui ont proclamé la République populaire en 1949. Et donc, le Kuomintang, qui dirigeait la République de Chine, a pris la retraite jusqu'à Taïwan. Et donc, ils ont pu conserver l'île de Taïwan, mais aussi certaines autres îles plus petites, dont Jingmen, qui est proche de la Chine continentale. Et donc, maintenant, on se retrouve avec une situation où on a deux Chine, mais seulement une Chine qui est reconnue par la communauté internationale. Et donc, c'est comme une guerre civile, mais qui ne s'est pas achevée. Et donc, c'est une situation qui est quand même difficile à comprendre. Et donc, la République de Chine, qui se retrouve maintenant à Taipé, est une démocratie occidentale libérale. et connaît maintenant certains problèmes. Par exemple, il y a quelques semaines, il y avait eu un référendum révocatoire contre les membres de son parlement, qui a été initialisé par le président de la République de Chine, donc Lai Ch'ing-tuan, avec son parti, le Parti démocratique, donc les Verts.
ils ont essayé de passer un référendum pour faire en sorte que le comité qui possède la majorité des sièges au Parlement, ils ont essayé de les faire tomber, mais ça a été un échec total. Et donc maintenant la société à Taïwan, la République de Chine à Taïwan, la température politique est quand même assez élevée, c'est quand même assez difficile. tandis que la république populaire de Shenzhen à Pékin, même s'il y a des problèmes avec l'économie, mais politiquement ça reste très stable.
[00:14:24] Speaker A: Justement, vous mentionnez les Verts et le Kuomintang. Ces deux partis politiques sur l'île de Taïwan sont quand même des parties qui ont une vision complètement, on va dire presque, contradictoire de l'histoire de l'île et de l'histoire de ce qu'est aujourd'hui la République de Chine. Par exemple, une des industries critiques à Taipei est l'industrie des semi-conducteurs. Et les semi-conducteurs, c'est tellement critique, vous vous rappelez sûrement pendant la pandémie, lorsque la PlayStation 5 était en faillite de production, à cause d'une pénurie de semi-conducteurs, qui était causée notamment par toutes sortes de conflits transnétrois, et également la pandémie, évidemment, et tous les chocs qu'il y a eu. sur les chaînes d'approvisionnement. Mais en fait, il y a même une... Par exemple, par rapport aux origines et à l'essor et au développement de l'industrie des sommets conducteurs, vous avez dit que... Et il y a d'autres...
historiens aussi qui l'ont dit, que ça a été des exilés de la Chine continentale qui ont été des pionniers de cette industrie, alors que les Verts, par exemple, contrediraient ce fait. Vous, en fait, comment est-ce que vous voyez justement ce conflit-là ?
[00:16:09] Speaker B: Commençons par décrire l'origine de ce conflit entre les Bleus et les Verts. Les Bleus sont représentés par le Kuomintang, qui est d'ailleurs le parti politique. Son nom veut littéralement dire le parti nationaliste chinois. Ce sont des Chinois qui sont d'ailleurs quand même assez conservateurs et ils sont nationalistes, donc ils aiment ça la Chine. Mais il faut quand même, ça je dois quand même l'admettre, que le Kuomintang durant plusieurs décennies après leur retraite de la Chine continentale à Taïwan, c'était une dictature. Donc il y avait la loi martiale et donc les gens qui s'opposaient au régime de Chiang Kai-shek se faisaient arrêter. Mais en 1987, le fils de Chiang Kai-shek, Chiang Ching-Kuo, a démocratisé la République de Chine.
Et donc depuis ce temps-ci, les Verts, le Parti démocratique, en anglais le DPP, ils ont commencé à prendre le pouvoir parce qu'ils ont commencé à gagner des élections démocratiques. Et ces Verts-là, ce sont des gens qui sont progressistes, c'est des gens qui sont très libéraux, mais ce sont aussi des gens qui veulent, par exemple, l'indépendance de Taïwan. Et donc si vous regardez précisément l'histoire des Verts, je dirais qu'il y a quand même une grande partie, donc pas les sociodémocrates qui veulent seulement la liberté de façon occidentale, qui sont des progressistes, ils veulent la liberté, ils veulent les droits humains, etc. Mais la plupart des Verts, certains, ont eu des liens très profonds avec l'administration coloniale japonaise à Taïwan, donc les Japonais qui ont pris Taïwan des Chinois après la première guerre sino-japonaise. Et donc, la plupart des Verts, ils ont quand même beaucoup aimé la présence des colons japonais à Taïwan. Et donc, durant la Deuxième Guerre mondiale, il y a certains de ces Verts-là, ou de leurs ancêtres, qui se sont battus pour les Japonais, contre les Alliés. Et donc ça, c'est quelque chose qu'il faut quand même noter.
Et en parlant de TSMC et l'industrie des semi-conducteurs, il est très important de noter que le Kuomintang, le Parti Nationaliste Chinois, après avoir perdu contre les communistes en Chine continentale, durant leur mouvement de la Chine continentale jusqu'à Taïwan, ils ont pris avec eux à peu près 2 millions de personnes totales, donc 2 millions de Chinois. 600 000 de ces 2 millions de Chinois étaient des gens qui étaient très bien formés. Donc on parle d'ingénieurs, on parle de bureaucrates, on parle des militaires avec beaucoup d'expérience, on parle des intellectuels, des professeurs d'université. Et c'est avec ces gens-là qu'ils ont pu, comment dire, qu'ils ont pu faire en sorte que Taïwan se développe économiquement en santé. Et donc par exemple, la personne qui a vraiment débuté l'industrie des semi-conducteurs à Taïwan, c'était quelqu'un qui s'appelait Li Guoding. Et donc Li Guoding, c'était un intellectuel chinois, il était très bien formé, il a fait ses études en Angleterre.
C'était d'ailleurs quelqu'un qui était en sciences, donc c'était quelqu'un qui étudiait la physique, mais il a fini par devenir économiste. Et c'est lui qui a vraiment créé l'industrie semi-conduiteur en appelant à Maurice Chang.
des États-Unis pour lui demander de retourner à Taïwan et il lui a supporté pour créer vraiment cette industrie. Donc c'est lui qui a tout fait en sorte que le gouvernement puisse avoir les ressources nécessaires pour attirer les talents. Mais ces gens-là, c'était des gens qui venaient de la Chine continentale, qui étaient nés en Chine continentale et qui se sont rendus à Taipé, à Taïwan, avec le gouvernement nationaliste chinois, le Kuomintang, qui ont dû partir de la Chine continentale parce qu'ils ont perdu contre les communistes.
[00:20:26] Speaker A: Justement, par rapport à ce conflit-là, parlons un peu de culture chinoise. La Chine, c'est une civilisation qui est très ancrée dans son histoire, qui remonte à plusieurs millénaires. Et pourtant, c'est autant un pays qui est un peu au sommet et aux frontières, à l'avant-garde, c'est le mot que je cherchais, de la post-modernité de jeux vidéo comme Genshin Impact, Zelda Zone Zero, qui sont très post-modernes dans leur style, dans leur thème. mais également c'est un pays qui est très attaché à son culture, à son histoire. Et vous-même, vous êtes quelqu'un qui est un fan connu de mandopop, notamment du chanteur Joe Jalon. Quel est votre intérêt pour ce genre ?
[00:21:23] Speaker B: Oui, donc la culture chinoise est bien sûr une culture très riche, mais je dirais que c'est seulement dans les années passées, donc on parle de cette année-là, l'année passée, les années récentes, que vraiment la culture chinoise s'est répandue en Occident. La raison pour cela, c'est parce que selon moi, le market share, comme on le dit en anglais, le part de marché des gens qui aiment vraiment le contenu, comme par exemple le mandapop ou la culture chinoise, est très grand, est très vaste. Donc, les compagnies chinoises ou les chanteurs, chanteuses, ils n'avaient pas nécessairement l'incentive de vraiment investir dans l'Occident.
C'est pas comme si on pouvait le comparer avec le K-pop ou le J-pop ou les animés japonaises où est-ce que le port de marché est vraiment plus petit comparé aux artistes chinois. Par exemple, si vous êtes un artiste chinois, vous avez accès non seulement à la Chine continentale, mais vous avez accès à Hong Kong, vous avez accès à Taïwan, vous avez accès à Macau, vous avez accès aux Chinois ethniques de la Malaisie, du Singapour, ou en Amérique du Nord, en Europe. Donc, il n'y a pas vraiment de limites. Et donc, c'est pour ça que, selon moi, dans les dernières décennies, il n'y avait pas vraiment de push. pour les artistes chinois ou pour les compagnies, de vraiment essayer de partager leur contenu avec les Occidentaux. Mais ces temps-ci, oui, il y a spécifiquement les gens de notre génération. Je pense qu'en Chine, ils ont commencé à créer des jeux vidéo, par exemple, comme Genshin Impact, et les Occidentaux ont beaucoup aimé ça. Personnellement, j'écoute Josie Allen, qui est une chanteuse chinoise qui vient de Taïwan. Donc lui, il se caractérise comme chinois, ce n'est pas moi qui le dis, mais il n'est pas nécessairement très populaire. chez les Occidentaux. Donc, c'est pas vraiment encore... C'est pas quelqu'un qui est nécessairement populaire chez les Occidentaux. Peut-être prochainement, il va y avoir des jeunes artistes chinois. Si vous regardez Instagram, maintenant, il y a un chanteur qui fait du rap. Lui, il est très populaire. Mais lui, il est beaucoup plus jeune que les gens comme Jay Chou. Moi, lui, c'est un... Il est né dans les années, je pense, 79 ou 80. Donc, ça s'est pas vraiment répondu à l'Occident encore. Mais sinon, je pense que ça change avec les générations. Mais sinon, la Chine a une culture très riche. Et c'est pour ça qu'il y a tellement beaucoup de contenu à faire avec. Mais il n'y avait pas vraiment l'incentive pour ces compagnies, pour ces artistes, de partager cette culture-là avec l'Occident. Maintenant, beaucoup plus, parce que le monde s'intéresse de plus en plus à la Chine. Et les Chinois veulent maintenant partager leur culture, pourquoi pas, avec l'Occident.
[00:24:29] Speaker A: Justement, récemment, vous et moi, nous étions allés à la bibliothèque pour aller acheter quelques livres. Et j'avais... Justement, j'étais tombé sur quelques volumes de romans chinois traduits en français, en anglais, de danmé, du genre danmé. Et il y a aussi du genre de wuxia comme... dont c'est inspiré Kung-Fu Panda, c'est-à-dire les arts martiaux. Le danme, ça réfère au boy's love, donc homo-érotique, si on peut dire ça comme ça. Et plusieurs de ses productions et de ses livres, de ses romans sont en train d'avoir leur droit à des adaptations animées, notamment par Tencent. Expliquez un peu comment Tencent s'est développé par Cho Chen.
[00:25:21] Speaker B: Oui, donc Tencent est une compagnie qui a connu beaucoup de succès, très très populaire. Ils ont pu créer des jeux vidéo qui ont connu beaucoup de succès en Chine. Sinon, comme vous l'avez dit tantôt, selon moi, il y a des Occidentaux en Occident qui commencent à s'intéresser de plus en plus au contenu chinois, comme précédemment avec, ou même maintenant encore plus avec le K-pop, où dans les années 80, c'est quand les animés se sont retrouvés dans les marchés occidentaux. Donc maintenant on voit vraiment avec les contenus chinois, avec les livres comme vous l'avez mentionné, mais aussi avec les jeux vidéo. Donc il y a de plus en plus d'Occidentaux qui s'intéressent à la culture chinoise. Pour Tencent, c'est une compagnie, comme je l'ai mentionné, qui connaît beaucoup de succès en Chine, mais qui connaît aussi beaucoup de succès en Occident. Ils vont commencer à en connaître de plus en plus parce que, comme je l'ai mentionné tantôt, selon moi, les Occidentaux commencent à s'intéresser de plus en plus en Chine.
[00:26:28] Speaker A: Est-ce que c'est... Mais pour quelle raison, en fait, par exemple, vous parliez du monde de pop? Le fait que le monde de pop n'ait pas autant, disons, un public en Occident, comparé, par exemple, au livre d'Anne.
[00:26:40] Speaker B: May, Pour ça, la raison, c'est parce que le mandapop par exemple, c'est très poétique. Donc si vous regardez les lyrics des chansons du mandapop, c'est très très poétique. Donc il faut comprendre la chanson, il faut aussi comprendre ce que l'auteur veut expliquer avec sa chanson. C'est quelque chose qui demande beaucoup de réflexion, c'est quelque chose qui demande la compréhension de la langue. Mais sinon, encore une fois, comme je l'ai mentionné tantôt, les artistes et la production chinoise de la Chine continentale ou de Taïwan ou de Hong Kong, ils n'avaient pas vraiment besoin des Occidentaux pour partager leurs chansons, pour partager leurs œuvres. Vraiment, le marché qui parlait chinois, le mandarin ou le kandanais, c'était bien assez. C'était bien assez pour se bien tirer.
simplement assez pour bien gagner la vie et de faire beaucoup d'argent et de connaître beaucoup de succès. Il n'y avait pas vraiment besoin des Occidentaux. Ce n'est pas comme, par exemple, la Corée ou le Japon où il y a beaucoup de support localement, c'est bien, mais si les Occidentaux ou les gens d'autres pays s'intéressent aux chansons japonaises, coréennes, aux films, aux animes, c'est beaucoup mieux pour eux. Contrairement pour la production chinoise, il y a beaucoup de personnes dans le monde entier qui parlent le chinois, donc ils peuvent simplement juste s'intéresser à ces gens-là, juste viser ces gens-là pour la musique, pour les jeux vidéo. Mais maintenant, comme je l'ai dit tantôt, il y a de plus en plus d'Occitano qui s'intéressent davantage et c'est pour ça qu'on voit des livres d'animés chinoises dans les librairies ici au Québec.
[00:28:44] Speaker A: Pour les thèmes abordés, à quoi est-ce que vous, vous devez en fait cette synthèse entre une Chine ancrée dans son histoire remontant à l'Antiquité, mais aussi une Chine qui est aux frontières du développement des villes, notamment, parlez-nous-en des villes, justement, votre ville natale, Shenzhen, c'est une ville qui est, vous appelez une ville de premier tiers même.
[00:29:13] Speaker B: Oui, parce que les villes chinoises sont très développées. Même les villes d'un certain niveau qui sont moins développées sont très développées elles-mêmes.
Et vous voyez une fusion entre la modernité mais aussi la Chine ancienne dans plusieurs de ces villes-là. Donc si vous regardez par exemple Pékin ou Xi'an, ce sont des villes qui sont très développées, qui ont un système par exemple de métro de haute gamme. Mais les infrastructures anciennes sont toujours conservées. Et donc je dirais que la Chine est vraiment un pays qui a la capacité de fusionner sa culture ancienne avec le high-tech. C'est quelque chose d'incroyable et on le voit aussi, comme vous l'avez mentionné, dans les jeux vidéo ou dans les livres ou dans les mangas chinois. C'est vraiment la fusion de sa culture riche, ancienne, avec la technologie, avec les nouveaux moyens de partager ses œuvres culturelles.
[00:30:30] Speaker A: Et vous-même, vous avez certains intérêts, évidemment, pour ce genre de contenu de pop culture chinois, comme nous en avons parlé, mais également des jeux vidéo maintenant qui sont en train d'être produits en Chine domestiquement, ce qui est une nouveauté, parce qu'avant, évidemment, on avait des jeux qui étaient peut-être populaires chez les Chinois, on va en parler dans une minute, mais ce qui est nouveau maintenant, c'est qu'il y a des jeux vidéo qui sont produits domestiquement en Chine et qui sont en train d'atteindre un public à l'international.
[00:31:09] Speaker B: Oui, évidemment. Je pense à, en anglais, le jeu vidéo Black Myth Wukong, qui est vraiment un jeu extraordinaire. Personnellement, malheureusement, je n'ai pas encore joué à ce jeu vidéo-là, mais j'ai écouté plusieurs vidéos sur YouTube et j'ai regardé des vidéos de d'autres gens qui expérimentent le jeu.
Vraiment, c'est incroyable. Ça montre que les créateurs de jeux vidéo chinois sont vraiment d'autres qualités. Ils ont les moyens de créer des jeux. Mais ce que je vois personnellement des gens qui ont pu jouer à ce jeu-là, qui ont pu interagir avec ce jeu-là, surtout je vois les Coréens et les Japonais, c'est qu'ils pensent que vraiment les Chinois ont pu fusionner la culture ancienne chinoise la technologie avec les nouveaux jeux vidéo. Et donc, c'est une façon de raconter son histoire, de raconter sa culture ancienne, de raconter les mythes, ses histoires, et le partager avec le monde entier. Et la culture chinoise, par exemple, en anglais, The Journey to the West, c'est vraiment quelque chose que beaucoup de personnes ont grandi avec. Le fameux manga Dragon Ball s'est évidemment inspiré de cette histoire de la Chine ancienne qui a été écrite durant la dynastie Ming.
Et donc, il y a infiniment de potentiel et en matière de technologie, si vous avez vu le jeu, vraiment, c'est très beau, c'est très bien fait et le contenu est excellent.
[00:32:57] Speaker A: Oui, absolument. Ce jeu-là a été très médiatisé et très apprécié, et avec raison. Un autre jeu, par contre, qui est... Pour moi, ça a été une fascination totale, surtout quand j'étais au Cégep, où la moitié des étudiants étaient chinois. C'est là où nous nous sommes rencontrés, d'ailleurs. À quoi est-ce que vous devez la popularité du jeu League of Legends dans la démographie chinoise ? Pour moi, c'était une fascination. absolument une curiosité pour moi parce que c'est un jeu qui est produit aux Etats-Unis, qui n'a pas une liaison particulière avec la culture ou même avec la sociologie chinoise, mais pourtant qui a connu un succès fulgurant en Chine. Les Chinois sont probablement les deuxièmes meilleurs à ce jeu compétitivement, derrière les Coréens évidemment. Et vous-même, vous vous jouez à ce jeu de manière, évidemment, de passe-temps, à guise de passe-temps, pas professionnellement. Mais à quoi est-ce que vous, vous devez la popularité de League of Legends dans la démographie chinoise ?
[00:34:07] Speaker B: Donc selon moi, les Chinois et les Coréens, donc les gens de ces deux peuples, aiment vraiment les jeux qui sont plus stratégiques. Donc il y a un mix vraiment du macro et du micro dans ce jeu-là. Et donc macro, la stratégie, les micros, oui, avec la souris, avec le clavier, mais surtout la stratégie, c'est quelque chose qui est beaucoup très apprécié en Chine. Et donc si vous regardez les jeux qui sont populaires en Chine, ceux qui sont au top sont des jeux qui ont besoin que le joueur pense. Ce n'est pas comme, par exemple, Call of Duty, où il faut penser stratégiquement, mais la plupart du temps, c'est vraiment le micro, où il faut bien viser, bien tirer. Mais les jeux comme League of Legends, c'est la stratégie, c'est la collaboration avec les coéquipiers, qui n'arrive d'ailleurs presque jamais. C'est vraiment ça. C'est pour ça que c'est très populaire. même si ça a été créé aux États-Unis. Bien sûr, les Chinois ont vu le jeu, ils ont créé plusieurs autres jeux qui sont très similaires et qui sont, d'ailleurs, ils ont connu beaucoup de succès aussi. Même chose pour les Coréens, je dirais. Vraiment, la stratégie, c'est ce qui compte. Et il y a beaucoup moins de... Comment dire ? Par exemple, si vous pensez à Call of Duty, c'est vraiment juste... C'est vraiment juste...
avec le clavier et la souris, mais ça, League of Legends, c'est beaucoup plus la stratégie. Et c'est ça, ouais.
[00:35:52] Speaker A: Et pour vous, quel a été l'intérêt pour vous de justement commencer à jouer à ce jeu ? Vous avez commencé à jouer dans les saisons... Ça fait plusieurs saisons quand même que vous êtes... Ouais, ça fait depuis.
[00:36:05] Speaker B: 2014-2015 que je joue. Donc j'ai joué parce que les autres joueurs aussi. Et aussi la compétition qui est très populaire et qui est quand même très fascinant d'écouter la compétition au niveau professionnel, qui est d'ailleurs très populaire.
Mais comme on dit souvent, quand vous commencez à jouer, c'est très difficile de quitter. C'est comme la cigarette. Et c'est pour ça qu'avec toute raison, certains gouvernements, dont le gouvernement chinois, ont commencé à vraiment prendre des... faire des politiques pour faire en sorte que les jeunes, surtout ceux qui sont mineurs, vont de moins jouer à ce jeu vidéo-là et de mettre plus d'emphase sur leur éducation. Mais vraiment, j'ai commencé à jouer à ce jeu-là parce que toutes les autres personnes le jouaient, donc c'est pour ça que j'ai commencé à jouer.
[00:37:06] Speaker A: Justement, la Chine connaît, on va dire, des fractures et des conflits sociaux importants, notamment par rapport à ce sujet-là, le fait que c'est un pays qui a avancé très rapidement dans l'âge de la technologie, qui s'est industrialisé très rapidement. Donc, il y a eu des sérieux conflits sociaux et des questions sociales par rapport, par exemple, à la famille chinoise.
[00:37:38] Speaker B: Ça dépend, ça dépend de quel point de vue vous regardez ce problème-là. La famille chinoise est beaucoup moins nombreuse, donc les gens font beaucoup moins d'enfants qu'auparavant et c'est un défi dont la Chine comme nation est en train de faire face.
Oui, il y a eu une sorte d'influence libérale sur la façon dont les gens interagissent avec leurs familles ou les décisions que les gens prennent.
Mais selon moi, la Chine reste quand même assez traditionnelle, conservateur traditionnel, comparé aux autres pays. Bien sûr, comme un pays qui a conservé sa culture pendant 5000 ans, c'est quand même quelque chose. Et donc la culture, la racine qui est la famille, le culte des ancêtres, la tradition, la culture traditionnelle, Ça reste le même, même s'il y a des changements avec le temps, mais ça reste quand même la tradition chinoise qui a évolué, mais qui est restée de même pendant 5000 ans.
[00:38:54] Speaker A: Justement, nous en parlerons de vos intérêts par rapport à l'histoire et à la démographie et aux traditions après la pause.
Donc dernière pause, dernier segment.
Baichiao Chen, parlons un peu de vos passe-temps, vos intérêts personnels. Vous êtes depuis longtemps un fan de manga, d'anime, notamment l'anime Psycho Pass. Qu'est-ce qui vous... et la saison 1, la première partie notamment, avec, mettons, un vedette, l'antagoniste Shogo Makishima. Qu'est-ce qui vous a en fait attiré vers cet anime-là ?
[00:39:48] Speaker B: Bon, j'ai beaucoup aimé cet animé-là parce qu'il y avait beaucoup de philosophie politique qui a été mentionnée dans cet animé-là, que j'ai beaucoup bien apprécié. Et on voyait vraiment une bataille, une guerre entre deux camps de philosophie, donc Makishima qui était beaucoup plus comme un anarchiste, et Kogami, c'est ça? Kogami, qui était beaucoup plus le statut quo et de préserver l'ordre public. Et donc, cette bataille-là, non seulement physique, mais aussi philosophique entre ces deux, c'était très intéressant. C'est pour ça que j'ai vraiment beaucoup aimé ce film-là.
[00:40:44] Speaker A: Et sinon, évidemment, un de vos intérêts particuliers, c'est dans la politique, pas seulement internationale, mais aussi la politique, on va dire, locale, régionale, provinciale, fédérale, canadienne. On va avoir des élections municipales bientôt à Montréal. Comment est-ce que vous la voyez ?
[00:41:08] Speaker B: Oui, donc les élections municipales, selon moi, elles sont importantes, comme toutes les autres élections, mais il n'y a pas vraiment de candidat, selon moi, qui est nécessairement très intéressant. J'ai parlé avec vous, avec Craig Sauvé, qui a été très très sympathique. Mais en regardant leurs plateformes, il n'y a pas vraiment de solution concrète pour résoudre plusieurs problèmes, par exemple les problèmes d'infrastructure ou des problèmes avec les sans-abri.
Et donc, vraiment selon moi, ce que la société, ce que la ville de Montréal a besoin, c'est quelqu'un comme Lee Kuan Yew. Mais on l'a pas vraiment maintenant et je suis pas sûr si on va jamais l'avoir.
[00:42:06] Speaker A: Je ne crois pas que notre public connaît Lee Kuan Yew. Peut-être qu'il y en a qui connaissent. J'espère qu'il y en a qui connaissent. Je ne veux pas assumer des choses. Mais expliquez un peu, quel est l'héritage de Lee Kuan Yew ? Qui était ce personnage ? C'est quelqu'un que vous et moi, nous admirons tous les deux beaucoup.
[00:42:22] Speaker B: Oui, c'était le premier ministre du Singapour, c'était le fondateur du Singapour, donc la République de Singapour, un Chinois ethnique d'origine qui a étudié à Cambridge, qui a étudié le droit à Cambridge. C'était quelqu'un dont les Occidentaux préfèrent décrire comme étant autoritaire, mais selon moi il était beaucoup plus pragmatique. Et ces politiques ont fait en sorte que Singapour aujourd'hui est devenu un pays qui a passé du tiers monde au premier monde, qui est un pays très, très, très développé, futuristique. En une seule génération, elle a passé d'un petit pays qui avait presque rien à maintenant aujourd'hui, comme on le connaît. Singapour est incroyable avec ses gratte-ciels, avec sa puissance économique, financière. Vraiment, donc c'est à cause de Lee Kuan Yew que ça a pu arriver. Et Lee Kuan Yew c'était quelqu'un, comme je l'ai dit, pragmatique, comme amassé conservateur, quelqu'un qui vraiment utilisait le confucianisme chinois pour résoudre plusieurs problèmes, mais c'était quelqu'un aussi qui était éduqué en Occident, donc il y avait des idées occidentales aussi. Et donc c'est un personnage très très intéressant.
[00:43:40] Speaker A: Et pour vous, vous pensez que Montréal aurait besoin d'un Licoigno ?
[00:43:49] Speaker B: Évidemment, on a besoin de quelqu'un qui va passer à l'action, qui va prendre des décisions, oui, difficiles et même peut-être non populaires, mais des décisions objectivement qui doivent se prendre. Si vous allez au centre-ville de Montréal et vous marchez, vous voyez, c'est un désastre complet. Les déchets ne se font pas ramasser. Il y a des sans-abri. Il y a des personnes qui prennent de la drogue, de la drogue dure, en public. Mais c'est inacceptable. Donc, on a besoin de quelqu'un qui va vraiment prendre des décisions difficiles. Mais, comme je l'ai dit tantôt, Je ne pense pas personnellement qu'il va y avoir cette personne-là parce que pour que cette personne se présente et gagne et obtienne le pouvoir politique, la population a besoin de le supporter. Pas tout le monde, mais quand même une portion de la population. Mais la population, selon moi, la population montréalaise, la population canadienne, québécoise, occidentale, ne prennent pas des décisions qui donnent le pouvoir aux gens qui sont intelligents et qui vont vraiment résoudre plusieurs problèmes dont on fait face. Par exemple, le problème des sans-abri, le problème des gens qui prennent la drogue dure en public. Il y a vraiment beaucoup de discussions politiques, de débats en ligne, mais il n'y a pas vraiment personne qui est vraiment prêt à passer à l'action.
[00:45:13] Speaker A: Justement, par rapport à ces conflits d'idéologie, vous êtes quelqu'un qui est noté pour avoir poussé la scolarité sur les questions de distinction entre la culture latine et la culture anglo-saxonne. Expliquez un peu pour le public comment est-ce que vous le voyez.
[00:45:36] Speaker B: Oui, donc la culture anglo-saxonne du Canada anglais qui est très différente que la culture plus francophone, latin, du Québec ou de la France, par exemple. Et cette culture-là, elle est très différente politiquement, économiquement aussi. Si vous lisez les œuvres de Max Weber, économiquement, parlant, les catholiques ou les latins ou les descendants des catholiques, parce que le Québec n'est plus catholique, opère différemment économiquement comparé aux anglo-saxons. Par exemple, si vous allez à Bay Street à Toronto, c'est le travail, c'est le travail constamment. Mais si vous regardez ici à Montréal, c'est vraiment comme les Italiens le disent, la dolce vita, c'est vraiment bien se prendre soin de soi et il n'y a pas vraiment de nécessité de travailler 24 heures sur 24.
Et donc, cette mentalité qui est très différente fait en sorte que l'économie, mais aussi la politique, s'opère de façon différente. Et je ne sais pas si tu veux que j'aille en plus en détail, mais grosso modo, c'est comme ça.
[00:46:47] Speaker A: Non, non, non, continuez.
[00:46:50] Speaker B: Politiquement, les anglo-saxons vont prendre des décisions qui sont moins paisibles. Ils vont prendre des décisions qui vont faire en sorte que les gens vont devoir travailler plus, construire plus, créer plus d'institutions. tandis que les latins vont aller plus lentement. Ils vont, par exemple, protéger le droit des travailleurs. Ils vont donner le droit de faire la grève. Comme vous voyez maintenant, la STM, Renaud Bré, Canada Post, tout le monde fait la grève ici. Mais si vous regardez le Canada anglais, oui, il y a des grèves, mais pas autant qu'ici au Québec. Si vous regardez la France et l'Angleterre, ou la France et l'Allemagne, les gens sont souvent en train de faire la manifestation, souvent la grève. Et donc les droits des travailleurs sont mieux protégés. Mais conséquentement, les services, selon moi, sont peut-être moins efficaces. Et c'est la même chose en politique. Si vous regardez comment les anglo-saxons opèrent comparé aux latins, les latins c'est beaucoup plus politique, c'est plus la culture. Si vous regardez un discours politique au Québec ou en France, surtout en France, Ce sont des longs discours d'une heure ou de deux heures. Et ça s'arrête pas. Si vous regardez le président Macron dans une conférence médiatique, vraiment, les réponses sont très longues. Mais si vous regardez les Anglo-Saxons, c'est rapide. Les réponses aux journalistes ou les discours, ils sont très, très rapides. Et donc, en ce sens, politiquement et économiquement, on finit avec deux sociétés qui sont complètement différentes.
complètement différentes. Ça dépend de votre personnalité, si vous préférez la société plus anglo-saxon ou une société plus latin.
[00:48:51] Speaker A: – C'est intéressant parce que pour finir cette entrevue, on revient, on fait un cercle complet, on revient au départ. Vous parliez de confucianisme. À quel point est-ce que vous, vous pensez personnellement que le confucianisme, justement, est compatible avec le libéralisme. Parce que ça, c'est quelque chose que plusieurs tentent de faire une synthèse. C'est entre le confucianisme qui est ancré dans la tradition chinoise et le libéralisme, évidemment, européen, occidental.
[00:49:26] Speaker B: C'est très difficile parce que le libéralisme fondamentalement exclut certaines responsabilités de l'individu envers la famille, envers son groupe ethnique, envers la communauté. Et donc, c'est très difficile d'avoir, par exemple, le libéralisme occidental avec le confucianisme traditionnel. C'est très, très difficile. Par contre, il est possible d'avoir, par exemple, le confucianisme, mais avec un peu de libéralisme. Donc oui, les gens vont pouvoir avoir certaines libertés individuelles, mais la plupart du temps, les valeurs traditionnelles vont l'emporter. Et donc, ça, vous pouvez le voir dans certaines démocraties qui sont plus conservateurs, où il y a seulement, par exemple, un gouvernement, une partie politique qui le dirige pendant des décennies. On parle de Singapour, on parle du Japon aussi, parce que les gens sont traditionnels. Donc, les gens qui votent sont traditionnels. C'est pas parce que ces parties politiques sont autocratiques. Non, c'est que c'est les gens qui sont traditionnels et qui votent pour ces parties politiques.
Mais si le libéralisme en société prend plus de place, on va avoir un résultat complètement différent. Mais c'est parce que ces gens-là, la population, les gens qui votent, l'électorat, qui est conservatrice, qui est traditionnel, qui est confucien, ça fait en sorte que les partis politiques sont plus conservateurs et la société et plus traditionnel. Et donc, je dirais non, le libéralisme et le confucianisme ne peuvent pas nécessairement coexister. Seulement peut-être si le confucianisme prend 90%, 95% de la place, avec un peu de libéralisme pour les gens.
[00:51:26] Speaker A: En une minute, Bai Chaochen, pour clore cette entrevue, comment est-ce que vous recommanderiez que les gens dans notre public et nos auditeurs apprennent plus sur la Chine ?
[00:51:40] Speaker B: Premièrement, il faut regarder la Chine non avec des idées qui sont prédéterminées. Il ne faut pas regarder la Chine comme un adversaire. Il faut vraiment regarder la Chine comme étant un pays qui a eu une longue histoire. une culture riche et beaucoup plus à apprendre sur la chaîne. C'est comme ça que les gens vont mieux le comprendre. Et bien sûr, allez voyager en Chine aussi. Allez voyager en Chine. Et la bouffe est très, très bonne aussi.
[00:52:18] Speaker A: Est-ce que jouer à Genshin Impact aiderait mieux à apprendre sur la Chine, vous pensez?
[00:52:27] Speaker B: Pas vraiment, un peu peut-être, mais je dirais aller voyager, aller manger de la bouffe, aller sur les sites qui sont populaires, prendre du thé. Vraiment, la Chine est un très grand pays. Maintenant, avec les relations avec les États-Unis, c'est peut-être un peu moins paisible. Peut-être aller en Europe, mais aussi en Asie. En Asie, oui, le Japon et la Corée, mais la Chine. N'oubliez pas la Chine aussi.
[00:52:54] Speaker A: On l'a compris. Merci beaucoup Bae Chiao-Chen. Merci d'avoir accepté notre invitation. Et nous nous reverrons bientôt à Montréal pour d'autres rencontres. La semaine prochaine, nous aurons un invité très spécial. Professeur Thomas Burillier viendra nous parler d'un jeu vidéo qui a été produit pour célébrer les 150 ans de la Cour suprême. Merci beaucoup tout le monde. Bonsoir.
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